Théo. – Nous avons parlé de la résonance la dernière fois, aujourd’hui j’aimerais aller un peu plus loin.
Par exemple est-ce que je peux utiliser la résonance dès que le travail de nettoyage est fini ?
L’Ancien. – Bien sûr, c’est pour cela que Daaji a fait de tous les enseignants des précepteurs à part entière ; les treize points ou chakras peuvent entrer en résonance avec ceux du méditant, mais à une condition.
Théo. – Laquelle ?
L’Ancien. – Que le précepteur s’efface totalement face au Maître. C’est lui qui est en résonance avec les chakras de l’aspirant assis en face, pas le précepteur.
Théo. – Et si l’on ne s’efface pas suffisamment face au Maître intérieur ?
L’Ancien. – La résonance sera fonction de ton niveau spirituel, mais plus probablement, elle ne se fera pas au sens où je l’entends.
Théo. – Tu veux dire avec un mode vibratoire plus ordinaire ?
L’Ancien se contente de sourire.
Théo. – Cela implique donc que nos propres chakras aient été nettoyés avant le sitting. C’est ce que Daaji nous exhorte à faire : nous préparer, nous connecter avant de méditer avec un aspirant.
L’Ancien. – A la fin du travail, tu peux, par l’esprit, entrer toi-même en résonance successivement avec chaque point en toi en commençant par ceux de la région du cœur, puis ceux de la région cosmique, et pour finir par ceux de la région divine.
Théo. – Justement la dernière fois, nous avons abordé les points 1 à 5 mais qu’en est-il de la résonance des points de la région cosmique, points 6 à 10 ?
L’Ancien. – Comme nous l’avons déjà vu, les cinq points de la région cosmique, correspondant à la deuxième étoile du symbole ésotérique sont en résonance avec les cinq points de la région du cœur. (première étoile).
C’est pour cela que certains pratiquants croient être dans la région cosmique quand ils sentent les points de leur tête vibrer.
Théo. – Comment cela ?
L’Ancien. – Souvent c’est une simple résonance des points de la région inférieure avec ceux de la région supérieure.
Théo. – Comme nous avions vu le point 3 en résonance avec le point 8 la dernière fois ?
L’Ancien. – En fait ce sont les points de la région cosmique qui sont à l’origine des points de la région de la manifestation (pindesh, région du cœur). Quand ils sont en résonance, ils peuvent aider à débloquer, à libérer un point de la région inférieure. Tous travaillent ensemble grâce à un phénomène de « syntonisation ». Le travail spirituel que nous faisons, contribue à leur harmonisation et au retour de leurs fonctions originelles.
Théo. – La perfection !
L’Ancien. – La perfection du Créateur, pas celle que nous pouvons imaginer.
Théo. – D’où notre retrait pendant le travail, pendant notre vie même.
L’Ancien. – Et paradoxalement, cela nous rend encore plus présent, à nous-même et à la vie.
Théo. – Donc en fin de sitting, je peux revisiter chacun des points avec la suggestion (sankalpa) que mes chakras vont entrer en résonance avec ceux du méditant et que le Seigneur fera ce qu’il a à faire ?
L’Ancien, souriant, répond :
– Tu peux toujours essayer.
Théo saisit l’allusion et ajoute :
– A la grâce de Dieu !
L’Ancien. – A la grâce de Dieu…
Après une courte pause autour de la magnifique table à thé de l’Ancien, Théo décide de personnaliser un peu plus l’entretien :
– Et toi, comment perçois-tu la résonance dans ta pratique ?
L’Ancien. – Tu me connais, ce que j’aime, c’est être en résonance avec l’Amour ultime.
Théo. – Comment cela se traduit-il pour toi ?
L’Ancien. – Je suis juste en présence de l’Amour. Il résonne dans toutes les sphères de la création, sur tous les plans de l’être. C’est tout comme la note unique : sublime ! Le reste n’est qu’harmoniques à partir de cette note, de ce son. C’est à la fois une contemplation et une écoute de la Présence et de son Verbe qui se décline à l’infini. Quand tu portes ton attention sur un cœur, il résonne ; sur un chakra, il s’épanouit et s’illumine au contact de cette Divine présence. Tu ne fais rien et tout s’accomplit harmonieusement.
– L’amour ne se manipule pas, il se rend là où il est accueilli… murmure Théo subjugué par la description de l’Ancien
L’Ancien. – L’être qu’il touche révèle alors sa véritable nature, sa nature divine. Il s’agit d’être présent à l’Ultime et absent à soi-même afin de se retrouver présent en offrande à tous ceux qui sont en quête de Dieu.
Théo. – C’est une tout autre manière d’envisager le travail de précepteur !
L’Ancien ferme un instant les yeux et se souvient :
– Un jour je suis allé un jour visiter l’Abbaye du Thoronet. Dans l’église, existe une acoustique très particulière, fondée sur la gamme pentatonique, comme celle décrite par Pythagore. Le son fait écho en tierce, en quarte. Il résonne sur les pierres anciennes. Il élève la vibration de ceux qui écoutent, tout comme les magnifiques chants d’Hildegarde de Bingen. L’âme s’envole, appelée à rejoindre les profondeurs de l’être à la rencontre de Dieu. Le son nous élève spirituellement.
Le créateur de cette note unique est à l’origine de tous les chants adressés au Seigneur. Chaque harmonique rappelle le Seigneur. Toutes sont pleines de sa divine présence, même si elles n’en sont que le reflet. Se perdre dans ce reflet, nous conduit inexorablement à Lui. Nous nous y perdons pour mieux nous retrouver. Nous le trouvons pour mieux nous perdre dans son immensité, dans son éternité. Voilà ce que fait l’amour en résonance. Chacun de nous peut le recevoir pourvu qu’il l’accueille en toute innocence.
Voilà ce que peut offrir la résonance du chœur du cœur céleste.
Théo s’immerge dans le champ ouvert par l’Ancien et se laisse emporter par le chant de leurs cœurs … en résonance bien sûr.
Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune