Transcription de la visioconférence Le Cœur dans tous ses états : approfondissement, du dimanche 5 juillet 2020, première partie.

Au travers d’une série de questions, Théophile approfondit ces états du Cœur et nous permet d’en expérimenter les différents niveaux.

A propos de Dieu …

Par rapport à la conception de Dieu, du Soi, de l’Essence, une question m’a été posée :
« Pourquoi fait-on référence à Dieu et Jésus alors que l’amour est en soi, intérieur et non extérieur ? »
Autre question : « Ce travail pourrait-il mener à une unification des mouvements ? »

J’avais fait un préambule pour expliquer que peu importe les mots que nous mettons sur le concept de Dieu. Comme je suis un mystique, j’ai tendance à dire Dieu, Seigneur, parce que c’est un langage qui me correspond bien. Mais je suis aussi un raja-yogi, donc « le Soi » correspond bien aussi. Comme j’ai enseigné la médecine chinoise et utilisé les concepts taoïstes, la vacuité ou la vacuité primordiale me va bien aussi. Cela veut dire la même chose.

Je crois qu’il n’y a pas d’ambiguïté pour ceux qui vivent cette dimension intérieure. C’est un vécu, et quand vous rencontrez quelqu’un qui a ce vécu, vous le reconnaissez quel que soit le vocabulaire utilisé, parce qu’il y a une vibration et dans cette vibration il y a une émanation, il y a un rayonnement. Quand vous êtes avec une telle personne, vous vous sentez en paix. Il y a une joie calme, intérieure, qui naît et vous êtes en résonnance avec la personne, avec son être profond, avec son cœur.

J’ai eu une idée pour répondre d’une manière différente de ce que j’ai déjà dit puisque, pour moi, la meilleure définition de Dieu est celle que j’ai eue de Babuji qui dit que Dieu est un Centre qui n’a ni nom, ni attribut, ni forme, ni limite.

J’aimerais donc vous faire faire deux petites expériences. Avant cela, j’aimerais aussi vous donner la réponse de Saint Exupéry dans Le Petit Prince. Vous savez qu’il était tombé en panne d’avion dans le Sahara, dans le désert. Cela a donné ce magnifique conte du Petit Prince. Celui-ci lui dit : « S’il te plaît, dessine-moi un mouton. » Le pilote est embêté, il ne sait pas bien dessiner, alors il fait un essai puis un autre et un autre. « Non, je ne le vois pas comme cela, non celui-là c’est un bélier, tu ne vois pas ? Il a des cornes. », « Celui-là c’est un éléphant dans un boa. », « Non, ce n’est pas possible, ce n’est pas cela, ce n’est pas cela. » L’aviateur a autre chose à faire, il faut qu’il aille réparer son avion, et il lui dit : « Voilà ce que j’ai fait. » Il dessine une boîte et dit au Petit Prince : « Voilà, le mouton que tu veux est dedans. » Et le Petit Prince, à sa grande surprise dit : « Ah ! c’est exactement comme cela que je me l’imaginais, que je le voulais. Merci. » Son visage est illuminé, il est vraiment heureux.

Je pense que pour la conception de Dieu, en tant que Centre, en tant que Soi, c’est exactement pareil : « S’il te plaît, dessine-moi un mouton… dessine-moi Dieu. » On ne peut pas dessiner Dieu, non, Il est dans une boîte. Ce que j’ai aimé dans ce dessin, c’est qu’il y a trois trous qui permettent au mouton de respirer, qui permettent à tous nos concepts aussi par rapport à la spiritualité, par rapport au Divin, par rapport à tout cela, de respirer et puis d’échanger les uns avec les autres.

La chose que j’aimerais vous faire vivre, je l’ai retrouvée aussi bien chez les soufis que chez les mystiques chrétiens, c’est une définition de Dieu.

Fermez les yeux pour essayer de bien sentir la chose :
Dieu est un cercle dont le périmètre est infini, et son centre est partout et nulle part. (Pause)
Comme Il est partout, Il est aussi dans notre cœur. (Pause)
Tout doucement, nous allons nous laisser absorber par ce Centre dans notre cœur. (Pause)
Comme la dernière fois, par niveaux, par paliers : le premier niveau, que nous laissons se développer à l’infini. (Pause)
Puis le deuxième niveau du cœur, celui du maître intérieur. Il se développe à l’infini. (Pause)
La profondeur du cœur nous aspire, c’est le troisième niveau. Nous nous perdons dedans. (Longue pause)
Nous ressortons tout doucement de cet état d’immobilité. (Pause)
Nous revenons à la surface de nous-même tout en gardant conscience de la grande profondeur de notre cœur, ce cœur qui rayonne tout autour de nous-même. (Pause)
Sa vibration remplit la pièce. (Pause)
Son rayonnement va à l’infini. (Pause)
Il touche tous les cœurs, tous les êtres, toutes les créatures, tout l’océan. (Pause)
Tout doucement, nous allons rouvrir les yeux tout en gardant cette conscience.  (Pause)
Il n’y a plus de frontières entre notre intériorité et l’extérieur. (Pause)
Nous sommes Un. (Pause)
Sentons l’unité dans la diversité de tous les êtres avec lesquels notre cœur a été connecté.

Laissons l’expansion de cette profondeur se faire.
Voilà.

Après, revenons au deuxième niveau.
C’est plus pratique parce que le troisième niveau est un niveau de méditation profonde qu’on appelle le samadhi qui entraîne les extases, qui fait qu’on a tendance à ne plus être là, qu’on n’a plus envie d’y être.

Ce deuxième niveau est le niveau du maître intérieur.

En quoi est-il intéressant ?

Je l’ai déjà expliqué la dernière fois, mais allons plus loin : ce maître intérieur est relié au mental universel, au mental cosmique. Cela veut dire que la connaissance et la conscience sont plus vastes. Là nous avons trois niveaux de conscience (il y en a beaucoup plus), et nous avons besoin de cette connexion intérieure pour discerner ce qui est vrai, ce qui est juste pour nous, en nous. C’est une expérience directe. A ce niveau-là, qui est un niveau cosmique (ou royaume de Dieu), se développe une audition – la claire audition, clairaudience –, la clairvoyance – une vision claire – dépourvue de tous les voiles d’illusion qui nous empêchent de voir ce qui est, la réalité, et la claire science.

Il est préférable d’écouter, de percevoir, de comprendre à partir de ce niveau. Pour nous, c’est par le cœur.

Vous voyez, on peut parler de niveaux de conscience, de niveaux de profondeurs, de vibrations de plus en plus subtiles. Plus nous rentrons dans la profondeur, plus cette vibration est subtile, à tel point que c’est une vibration sans vibration qui est la Source, qui est ce fameux Centre.

On peut dire que ce sont trois niveaux de profondeur de l’amour, parce que la méditation du cœur, la voie du cœur, c’est aussi une voie d’amour. Si vous préférez, le niveau le plus superficiel, c’est l’amour humain dont on a besoin, qui est vital.

Mais d’où est-il issu ?
– De la profondeur de l’amour universel qui fait qu’on est capable d’embrasser tous les êtres, toutes les créatures de la Création, cela nous dépasse. Donc c’est une dimension en nous qui est capable d’aimer tout et tout le monde.

Nous sommes des êtres humains donc nous avons le niveau de l’âme, ses qualités d’amour. A un niveau humain-humain, nous aimons nos familles, femme, enfants, amis, voisins, etc. Nous nous entraînons à ce niveau-là. Ce qui est intéressant, c’est d’arriver à faire partir notre amour de la source la plus pure, la moins personnelle qui soit. Je vous l’ai dit la dernière fois, cette dimension-là est inclusive. Si vous prenez la sphère la plus profonde qui est la sphère divine, elle inclut la sphère spirituelle, la sphère cosmique, la sphère humaine. Quand nous sommes dans la sphère uniquement humaine, il y a la croix avec la verticale et nous c’est l’horizontale. C’est bien, il n’y a pas de mal, au contraire, c’est une expression extraordinaire, c’est beau.

Mais quand ça vient de la plus grande profondeur, de la plus grande pureté, on sait mieux aimer. Et de nouveau, voyez, on reprend le concept de connaissance, le niveau le plus profond : il n’y a pas de loi. Babuji aurait dit : « C’est comme c’est, cela est. »

Vous montez au deuxième niveau du cœur et c’est là où nous avons la science divine dont nous avons parlé, la connaissance qui est issue de la profondeur et qui se révèle au fur et à mesure des besoins de la personne éveillée : elle est aussi basée sur l’amour. Réellement, on ne connaît bien que ce que l’on aime. Quand on aime, on a envie de mieux connaître, sans projections, sans idées préconçues.

C’est comme cela que je réponds à la question « Ce travail pourrait-il mener à l’unification des mouvements ? »
– Oui, c’est évident car si nous partons tous de cette profondeur, nous sommes unis. C’est cela l’unicité, le tawhid dont j’ai parlé la première fois. Ce n’est pas une volonté d’être unis, simplement nous reconnaissons que nous sommes tous issus de la même Source et que nous avons la même essence. Notre relationnel qu’il soit humain, spirituel ou même religieux part de cette profondeur, et c’est cela qui nous unit.

Après, nous sommes tous différents, nous sommes des hommes, nous sommes des femmes, nous sommes des enfants, nous habitons différents continents, nous avons différentes cultures, différentes religions. Comme je vous le disais la dernière fois, au cœur de toutes les religions les gens se retrouvent.

Alors on m’a dit : « Pourquoi parler de Jésus ? »
– J’ai pris Jésus comme exemple comme j’aurais pu choisir le Prophète, Bouddha ou Krishna. Et j’aurais pu en nommer d’autres que vous connaissez peut-être moins, les taoïstes de l’antiquité, Lao Tseu, Zhang Jue, Lie Tseu.

Ou encore puisque j’adore les Grecs, Platon, Socrate, Plotin et beaucoup d’autres. J’espère que je vais avoir encore l’occasion d’en découvrir parce qu’il y a ceux qu’on connaît parce qu’on a écrit sur eux ou ce qu’ils ont écrit, mais il y a d’illustres inconnus qui vivent peut-être déjà parmi nous, qui sont très discrets, qui ne se mettent pas en lumière, mais qui bénéficient à toute l’humanité. Il y en a eu de tous temps, beaucoup, pour le plus grand bien de l’humanité. Donc vous voyez, pour moi, la connaissance, la conscience vient de la profondeur et est accompagnée par l’amour. Là encore, on s’aperçoit qu’il y a des dimensions d’amour (pas des niveaux, cela ne me plaît pas), des dimensions de l’amour jusqu’au moment où on est en lien, où on est en immersion avec l’amour divin, universel, ultime, sublime, appelez-le comme vous voulez, mais surtout vivez-le. Il ne s’agit pas de mettre des mots, les mots sont juste des véhicules.

Le silence, langage de Dieu

Voici autre chose que j’aurais aimé partager avec vous : vous vous souvenez, je vous ai dit que le silence est le langage de Dieu : l’idée n’est pas de se taire, mais d’écouter ce silence, ce parfum, ce son.

Quand nous sommes dans la très grande profondeur. (Laissez-vous absorber en elle.)
Dans cette très grande profondeur, on parle d’un « son sans son ». Vous savez comme le fameux anahata-chakra (SCHEMA) qui est un son non percuté, le chakra du cœur.
Après nous sortons, nous émergeons comme cela.
Alors c’est le Verbe, le Logo. Il y a une vibration, il y a un son, il y a un silence surtout.
Écoutons ce silence en nous, autour de nous.

Ainsi quand je rentre dans une pièce, dans un groupe, la première chose que j’écoute c’est la qualité de silence. Quand on veut connaître le niveau de communication qu’on a pu avoir, on regarde si ce silence a progressé. Souvenez-vous du silence qu’il y avait en vous, autour de vous, au moment de la connexion. Nous étions là à chercher à nous connecter et à faire ce qu’il fallait, etc. Nous étions un peu en surface, puis très vite nous sommes entrés en profondeur.
Vous sentez la différence ? Nous pouvons améliorer sans cesse notre qualité de silence.

Par exemple, quand on échange avec quelqu’un on peut le faire de manière formelle, de surface, pourquoi pas ? On peut aussi le faire de cœur à cœur. Quand je rencontre pour la première fois une personne, tout naturellement j’ouvre mon cœur et j’imagine qu’il y a un lien entre mon cœur et celui de la personne. Cela va dans les deux sens. Je ne fais rien. Ça se fait.
A partir de là, il y a une communication bien meilleure, plus profonde, plus humaine, qui s’établit. C’est même au-delà de l’empathie, voyez-vous. Ça se fait. A un moment donné, vous sentez que la connexion est faite. Là, vous pouvez commencer, à parler, à échanger réellement.

Pour ceux qui ont l’habitude de méditer par le cœur, ils peuvent aussi imaginer au deuxième niveau du cœur qu’il y a ce lien qui est là, qui est établi. Là, réellement, que se passe-t-il ?
Nous entrons en communion avec l’autre, une véritable communion s’établit.

Et le troisième niveau, me direz-vous ?
– Je ne sais pas s’il y a un lien. Vous pouvez le solliciter, mais là vous n’êtes plus dans un phénomène de résonnance. La dimension divine dans votre cœur, dans votre être, est en résonnance avec la dimension divine du cœur de la personne qui est en face de vous. Là, ça se fait. On ne fait rien. C’est pour cela par exemple, que lorsque Rumi a rencontré son maître, ils se sont enfermés pendant trois jours. On dit qu’ils n’ont pas parlé parce qu’il n’y avait pas besoin de parler. Il y avait un échange direct, intérieur. Les grands Maîtres, souvent, quand ils se rencontrent, demeurent en silence. C’est un silence très habité, très communicant, ils se comprennent réellement au-delà des mots, au-delà même de l’acceptation de l’autre.

Vous voyez, par rapport aux mouvements spirituels ou religieux ou de l’être, parce qu’on parle des bouddhistes ou des taoïstes, au niveau le plus subtil, cela se fait par ce centre, par ce vide intérieur. Les Chinois parlent du vide médiant du cœur. Il y a des vocabulaires différents suivant les cultures, mais l’état d’être, l’état vibratoire des personnes, ça c’est le même. C’est à partir de là que les mouvements peuvent s’unir. Il faut qu’on aille loin dans notre propre voie, dans notre intériorité.
Là ce qui est très sympa, c’est que nous bénéficions actuellement des avancées et des découvertes de chacun. Par exemple, on propose Heartfulness parce que c’est vraiment simple : se poser sur le cœur, imaginer que la Lumière divine est là et vous absorbe, la transmission d’énergie yogique appelée pranahuti, la force sans force, l’amour direct, il n’y a pas plus simple que cela. Il n’y a pas de concept, il n’y a rien à défendre, il y a tout à partager. Vous me direz que le cœur est dans toutes les cultures, toutes les civilisations. Bien sûr et heureusement ! C’est ce qui rend le dialogue facile et immédiat.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Causeries
Visioconférences

Enregistrement vidéo de la conférence

178-Le Cœur dans tout ses états approfondissement