Les chakras sont souvent décrits comme des centres du système humain où l’énergie se concentre. Traditionnellement, on en compte sept principaux : le chakra racine à la base de la colonne vertébrale, le chakra sacré juste au-dessous du nombril, le chakra du plexus solaire, le chakra du cœur, le chakra de la gorge, le chakra du front et le chakra de la couronne, au sommet de la tête.
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Les chakras traditionnels du Yoga.


Aujourd’hui Théo avance un peu plus dans la découverte des chakras.

Il sait que l’Ancien ne va pas lui faire un cours et lui redire tout ce que l’on peut trouver sur la question, aussi s’est-il soigneusement documenté avant de venir.

Non, ce qu’il vient chercher auprès de son ami et mentor c’est sa vision si particulière et personnelle de la spiritualité. Il sait d’avance que l’Ancien va lui apporter ce que personnellement il a pu expérimenter et qu’avec générosité il accepte souvent de partager avec lui, chaque voyage le propulsant vers une terra incognita

C’est le chakra du cœur, anahata-chakra qui constitue le sujet du jour.

Théo. – Pour moi, le chakra du cœur est le chakra central dont la racine se situe au niveau de la colonne vertébrale, tel une fleur qui s’ouvre au centre de la poitrine.

Les cinq points du cœur

Les cinq points (1 à 5) dans le chakra du cœur.

L’Ancien. – Dans notre système, Sahaj Marg, nous nous focalisons sur cinq points dans le chakra du cœur, les cinq points de la région du cœur et nous travaillons sur eux.
Nous les utilisons avec finesse : chacun d’eux est lié à un élément spécifique. Nous les purifions et les illuminons un à un.
Nous travaillons sur ce qui caractérise l’humain : la conscience au niveau du mental. La bénédiction qui nous a été donnée c’est de ne plus avoir besoin de développer un pouvoir ou de générer une énergie spécifique. Grâce à pranahuti que le Maître du Sahaj Marg a mis à disposition de toute l’humanité, chacun peut travailler et progresser spirituellement. C’est un présent inestimable qui nous a été accordé.

Théo. – Tu m’as enseigné que nous travaillons directement à partir des corps subtils (manas, buddhi, chit, ahamkar) et Daaji nous a dit que les trois chakras inférieurs étaient liés au monde animal.

L’Ancien. – Nous appartenons aussi au monde animal, mais le Divin nous a dotés du mental, de la conscience et du libre arbitre. Nous traitons les chakras inférieurs à notre manière, mais nous en parlerons plus tard ; revenons au sujet du jour : anahata-chakra, le chakra du cœur.

– C’est encore le cœur ! Tu fais vraiment une fixation ! s’exclame Théo moqueur.

– Disons plutôt une « pleine attention » … rétorque le vieil homme souriant.
Quelle que soit sa manifestation, son expression, je ne me lasserai jamais de parler du cœur. Il est magnifique et mystérieux. Savais-tu qu’il est en connexion avec la planète Vénus ?

Théo. – Logique, c’est la planète de l’amour. Cela signifie donc que le cœur est de nature yin, réceptif, féminin.

L’Ancien. – Effectivement, le cœur constitue le siège de l’Amour. En surface ce sont les émotions qui émergent. Babuji disait que les émotions sont les scories des sentiments, mais elles sont tout de même reliées à l’amour. Plus nous allons en profondeur, plus nous nous approchons de l’amour pur, de l’Amour divin.

Théo. – Alors nous allons trouver tout le spectre de l’expression de l’amour dans ce chakra ?

L’Ancien. – Chacun aspire plus ou moins consciemment à l’Amour et ce chakra en décline toutes les nuances effectivement.

Théo. – Je peux avoir un aperçu de sa pureté chez les bébés dans les bras de leur mère : leurs yeux brillent de mille feux. Dommage qu’ils oublient vite cette belle condition…

L’ancien poursuit :
– Anahata-chakra représente l’élément air, c’est-à-dire le mental : manas.

Théo. – Je comprends mieux pourquoi Lalaji disait que le cœur « est » le mental !

L’Ancien. – Anahata en sanscrit signifie « infini et continu ». Tout comme l’Amour, il est infini. Il révèle aussi Brahma-shabda, le son de Dieu, le Verbe, ou encore le « son non issu d’une percussion », qui n’est autre que Brahman sous forme de son.

Théo. – Peut-on dire le « son sans son » ?

L’Ancien. – Oui, ou aussi le son « non humain ». Il est perçu par l’audition cosmique, le pendant de la vision cosmique.

Théo. – Ce qui donne la claire audience et la claire vision.

L’Ancien. – Dans anahata résonne le Son. Chaque chakra a un son qui lui est propre.

Théo. – J’ai lu dans les ouvrages de Lalaji sur le surat-shabda-yoga, le yoga du son de l’âme, que chaque plan, chaque chakra émettait un son spécifique.

L’Ancien. – C’est une façon pour nous de lire la condition de l’aspirant : tu observes quel centre émet de la lumière et quelle vibration se dégage, sous forme de son ou de couleur. Quand le travail est fini, le son émis est pur. Tu peux l’entendre si tu t’y entraînes.

154-om

Om.

Théo semble épaté :
– Mais n’est-il pas dit que le Verbe originel est le OM ?

L’Ancien. – Oui, mais lorsqu’il pénètre et anime un chakra, un organe, il résonne comme une cloche dont le volume, le vide, donne naissance à une note. C’est une signature, tout comme la lumière l’est aussi.

Théo. – Quelle est la note pour le cœur ?

L’Ancien. – Ce serait un fa, mais les yogis lui ont attribué un mantra (syllabe ou phrase sacrée) ; ici c’est « So Ham. », « Je suis Cela. » Il est chanté pour éveiller le chakra du cœur.

Théo. – Et que dire du OM ?

L’Ancien. – Il est considéré comme le Verbe unique, le plus subtil.
Quand le Verbe, le souffle divin passe dans un chakra ou un plan, une dimension, il y a l’émission d’un son spécifique reconnaissable. Lalaji en parle comme le shabda, c’est shabda-yoga.
Le OM est une clef universelle qui comme l’amour passe partout.

Théo. – Comment est-il chanté ?

L’Ancien. – Il en est du son comme de la prière. Il peut être dit avec la bouche ou écouté dans le silence de ton être. Essayons, veux-tu ?

Mets ta main sur ton cœur et chante le OM (prononcer AUM) pour qu’il vibre au niveau du cœur.

Dis-le plusieurs fois à haute voix. Silence…

Puis émets-le mentalement dans ton cœur. Silence…

Une fois qu’il est en place efface ce son. Silence…

Il reste une vibration subtile qui est le son du son. Silence…

Efface-le à présent. Silence…

Tu es en contact avec le son originel que certains appellent : « Le Verbe de Dieu. »

Silence dans le Silence …

Après un profond et long silence, Théo toujours curieux demande :
– A quoi sert le « Ham » alors ?

L’Ancien. – Le son se décline en sept notes. « Ham » est celui de anahata, tout comme la couleur verte lui est attribuée, mais derrière cette couleur, il en apparaîtra d’autres en fonction de la profondeur et de la pureté.

Théo réagit aussitôt :
– Est ce que je peux faire l’expérience avec la couleur comme tu viens de me faire expérimenter le son ?

Les deux amis se taisent à nouveau : ils explorent la vision de la couleur, apprécient sa vibration.

A la fin de l’exercice Théo conclut :
– J’ai effacé deux fois de suite la couleur qui est apparue et finalement j’arrive à une couleur sans couleur, au vide. C’est comme dans l’expérience du Verbe (AUM) et celle de la prière.

L’Ancien. – La dimension divine est extrêmement subtile. Elle procure un état sans état, quelle que soit notre approche.

Théo. – Babuji disait la même chose sur l’utilisation des sankalpas (suggestions) : sankalpa grossier quand c’est une affirmation, puis de plus en plus subtil, jusqu’à ce que la pensée ne soit plus formulée, voire pensée.

L’Ancien. – Le plus efficace c’est le sankalpa qui vient directement de ton Maître intérieur, que tu émets sans en connaître le contenu. Il va directement dans les profondeurs du cœur du méditant ; son âme, ses corps subtils captent l’essence du sankalpa qui ne peut qu’aboutir au résultat voulu par le Seigneur.

Théo. – Cela veut dire que nous ne connaissons pas la teneur du sankalpa tant il est subtil et peut-être même n’en verrons-nous pas le résultat, surprenant, non ?

L’Ancien. – Peut-être, mais le résultat sera inéluctable et parfait. Parfois il nous est donné d’être conscients d’un bout à l’autre de l’opération, comme témoins. En fait nous sommes de simples témoins du Seigneur.

Théo intrigué se prépare :
– L’expérience m’intéresse.

L’ancien amusé le taquine :
– Qui dit que cela n’a pas déjà eu lieu ?

Théo ne se laisse pas démonter :
– Comme témoin, je veux dire !

L’Ancien. – Observe le Maître, c’est le plus grand témoin de Dieu. Il est l’exemple parfait de l’action sans action et l’on peut apprécier le résultat ; son action est infinie.

Théo. – En fait c’est une suggestion sans suggestion, sans mots. C’est plus facile avec pranahuti.

L’Ancien. – Pour être sûrs de son efficacité, certains précepteurs l’émettent avec force, puissance, pour que le méditant puisse en ressentir les effets.

Théo. – Tu m’as même dit qu’à vos débuts, certains méditants pouvaient tomber …

L’ancien : … et le Maître a tout de suite rectifié en disant : « … avec douceur, la douceur c’est l’excellence. » La douceur c’est le signe du travail à partir de l’amour. Et l’amour n’est-il pas l’ombre de Dieu ?

Théo. – C’est aussi ce qui est dit de pranahuti : la force sans force. Comment savoir ?

L’Ancien. – Si pranahuti te semble être un courant qui part de ton cœur vers le cœur du méditant, c’est correct ; lorsque le travail devient subtil, il n’y a plus la sensation d’une transmission, mais d’une résonance dont l’effet est immédiat.

Théo. – Un effet presque sans cause…

L’Ancien. – L’émetteur s’est effacé face au Divin. Il n’est plus l’acteur, pas même l’observateur du travail spirituel, mais devient le témoin du travail de Dieu. Son regard intérieur n’a fait qu’orienter l’attention du Divin dans une direction, ou plutôt le Maître en lui a dirigé Son attention dans une direction.

Théo. – Parfois je ressens moins une direction qu’un champ.

L’Ancien. – C’est une dimension, un niveau de conscience.

Théo plaisante :
– Finalement cela aboutit pour toi au même résultat : une action sans action faite par une personne sans personne, puisqu’elle s’est effacée pour laisser la place au Divin, avec une énergie sans énergie, et le tout sans attente de résultat ! Et tu crois que tu vas avoir beaucoup de clients avec tout cela ?

L’Ancien, s’esclaffe :
– J’en ai au moins un ! Mais tu as raison : pas d’attente, mais des effets secondaires, comme la paix, l’équilibre, la sérénité, un sentiment d’amour et de compassion. Cela, tu vois, c’est très vendeur. Le reste c’est de la cuisine…

Théo hilare :
– Sans cuisine !

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune