L’Ancien. – Revenons au symbole du chakra du cœur. Anahata est constitué de douze pétales qui correspondent aux douze qualités du cœur. Un cœur ouvert et lumineux produit naturellement l’Amour, la joie, la paix, la félicité, la clarté, la pureté, la compassion, la compréhension, le pardon, la patience et la gentillesse, l’unité.
Anahata donne aussi accès à l’intuition et à la vision intérieure par l’affinement de manas et buddhi (le mental et l’intellect). Cela correspond au deuxième niveau du cœur (la deuxième étoile du symbole ésotérique), le troisième étant celui de la dimension divine.
Théo. – Et que représente l’étoile à six branches ?
L’Ancien. – Dans anahata, il y a les symboles de l’étoile à six branches qui forment deux triangles inversés. Tous deux expriment les mouvements de la Shakti (pouvoir de la Terre-mère) les deux triangles inversés représentent la combinaison de l’union des énergies de la terre et du ciel, de Prakriti (la Nature) et de Purusha (le Divin).
Théo. – On retrouve le cœur qui fait le lien entre le monde de l’esprit et celui de la matière, la dimension de la manifestation et celle du subtil, de l’âme.
L’Ancien. – L’étoile à six branches représente Brahma (Dieu) qui se manifeste par l’Union de Purusha et Prakriti. Dans l’homme cette union parfaite est réalisée dans le cœur. Il existe un canal direct entre anahata-chakra et sahasra-dal-kamal, le lotus aux mille pétales. Il relie directement le cœur au sommet de la tête. Il est dit dans la tradition yogique que le nectar descend de sahasrara directement dans le cœur, au centre du lotus d’anahata.
Théo. – N’est-ce pas le canal que le Maître ouvre pour que le cœur du disciple reçoive la grâce ?
L’Ancien. – Oui, il retourne littéralement le cœur : le lotus se tourne vers le haut. Quand le cœur du disciple est pleinement ouvert, il est prêt et reçoit la grâce en continu. Elle provient de bien au-dessus de sahasra-dal-kamal, de la région divine. Je vais te révéler un secret : cette étoile à six branches représente Dieu dans la manifestation tant cosmique que terrestre, il est le sceau du Seigneur Krishna, c’est Goloka, l’étoile à six branches. En son centre réside la demeure du Seigneur, peu d’âmes y accèdent. C’est Lui seul qui le permet. Quand le cœur de l’aspirant est prêt, Il vient à lui et fait de son cœur offert et accepté, sa demeure permanente.
Théo. – Mais le Seigneur Krishna demeure dans les plans supérieurs ?
L’Ancien. – L’aspirant est devenu disciple du Seigneur. Le cœur du disciple, qui était jusqu’à présent l’ambassade du Seigneur, s’est transformé en Sa demeure permanente. Ce cœur, bien qu’il soit dans le monde manifesté, ne lui appartient plus. Il réside dans notre espace (akasha) intérieur, mais c’est l’akasha cosmique qui y réside (dans le centre de l’étoile troisième niveau l’essence de l’essence). La vibration du Seigneur fait qu’il peut facilement y descendre. Sa vibration y est permanente et permet un contact direct et permanent avec son disciple. Lors de l’initiation, le Seigneur Krishna descend pendant deux jours dans le cœur du disciple et y implante comme « un œuf cosmique » qui se développe avec le temps. Ainsi, un lien permanent s’établit entre le cœur de son disciple et la région (loka) dans laquelle il demeure alors le disciple peut recevoir les directions et les enseignements du Seigneur.
Théo. – Je croyais que notre but c’était Dieu, l’Ultime, pourquoi l’intervention du Seigneur Krishna ?
L’Ancien. – Le moment venu, quand le disciple est prêt, mature, il naît en Dieu et alors, le Seigneur Krishna se retire totalement. Ce peut être le Christ, le Bouddha ou tout simplement son Maître. Qu’importe ? Tous sont totalement en Dieu. Le résultat sera le même. Il aura accompli sa tâche : remettre son disciple au Seigneur Dieu.
Théo. – C’est cela la condition de Seigneur ?
L’Ancien. – On dit aussi dit que l’entité spirituelle du disciple est née.
Théo. – Tu m’avais dit que le Maître portait son disciple dans sa matrice mentale pendant sept mois ou plus, puis que le disciple naissait dans le monde supérieur pour devenir une entité spirituelle.
L’Ancien. – Cela revient au même, mais parfois, il peut suffire de deux jours.
Théo. – … et de nombreuses années de préparation par le Maître spirituel je suppose !
L’Ancien. – De très nombreuses vies de préparation, de gestation, tu veux dire.
C’est pour cela que dans la littérature yogique, le cœur représente aussi « yoni », l’utérus qui sera fécondé par le divin. L’œuf cosmique (brahmanda) va se développer sous la surveillance du Maître ; parfois c’est directement le Seigneur Krishna. Qu’importe l’être qui le fait, il accomplit la volonté de Dieu et rien d’autre.
Théo. – … et le disciple naît en Dieu.
L’Ancien. – … et comme le dirait Babuji : « Et là, le chemin commence. »
Théo riant :
– Il le dit à chaque étape majeure de l’avancée spirituelle. J’ai compris : lorsque l’on est à zéro infini, c’est toujours le début du Chemin. Le yatra se parcourt dans l’immobile… Je commence à parler comme Lao Tzeu, dois-je m’en inquiéter ?
L’ancien reste sérieux et continue :
– Une fois l’unité accomplie en Dieu, vient la fusion en lui. Pour cela il faut que le disciple soit identique au Seigneur. C’est là qu’il a la condition de Seigneur et que se produit la fusion en Dieu.
Théo. – Il devient le zéro qui n’est autre que le Centre, ce Rien dont tout provient.
Comme dirait Archimède : « Eurêka, j’ai trouvé. !»
L’Ancien souriant :
– En te perdant en Lui…
L’Ancien marque une pause avant de reprendre :
– Le centre de l’étoile du Seigneur Krishna est cette fameuse demeure du Seigneur au cœur du cœur de notre être. Il est dit que seules des âmes comme celle de Radha (disciple du Seigneur Krishna) peuvent y accéder puis y demeurer. Son amour était tel qu’à la fin, ils ne savaient plus qui était Radha et qui était Krishna.
Théo. – Nos âmes (atman) sont toutes des « Radha » en puissance. La clef, une fois de plus, c’est l’Amour.
L’Ancien. – … et surtout le Seigneur.
Théo. – Le sceau de Krishna me fait penser à l’harmonisation des forces yin (tamas) dont le triangle représentatif est tourné vers le bas et celui des forces yang (rajas) dont le triangle est tourné vers le haut, et le centre étant l’état d’équilibre (sattva).
L’Ancien. – Le chakra est souvent dessiné avec un canal qui le traverse en son centre. Les deux triangles montrent le parfait équilibre entre les énergies d’en haut et celles d’en bas. Le canal qui le pénètre au milieu est sushumna. Il est connecté au plus haut avec le Seigneur, par sahasrara-dal-kamal, le lotus aux mille pétales, et en bas, avec la Shakti par muladhara-chakra. Il est dit dans les textes que la réalisation n’est possible que par l’étincelle divine que le Seigneur a implantée dans le cœur de chaque être humain.
Théo. – Celle que la première transmission yogique réveille et anime chez le méditant.
L’Ancien. – Ce canal représente aussi la connexion à la Source par l’amour au plus profond du cœur de l’aspirant. Le réveil du Divin dans nos cœurs annonce le début du chemin de l’âme et de la conscience pure.
– Et ce n’est encore qu’un début… soupire Théo songeur.
Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune