Théo. – Dans nos conversations tu emploies tantôt le terme de pratiquant, tantôt celui d’aspirant ou encore de disciple. Peux-tu m’expliquer les nuances ?

Pratiquant

L’Ancien. – Un pratiquant fait l’exercice de la méditation. Il essaie de pratiquer pour voir si elle lui convient, si elle lui fait du bien et répond à ses attentes.

Théo. – Lesquelles par exemple ?

L’Ancien. – Peu importe : cela peut être le bien-être, la relaxation, la découverte ou développement personnel, une recherche religieuse et parfois même spirituelle.

Théo. – C’est ce que propose Heartfulness, une méditation purement « laïque » et « expérimentale ».

L’Ancien. – Ce qu’il faut savoir, c’est que, quelles que soient les motivations du pratiquant, conscientes ou inconscientes, sa nature essentielle est là, qui aspire à être elle-même, à retrouver sa véritable expression.

Théo. – Est-ce-que tu abordes la notion d’âme ?

L’Ancien. – Oui, quand je le peux, mais certaines personnes sont réfractaires à l’aspect religieux ou même à l’idée de Dieu. Peu importe les mots, il y a une aspiration en elles. Je peux utiliser le mot âme ou Dieu, ou le Soi ou tout autre concept équivalent si cela peut aider. Une fois que l’âme aura été mise en contact avec sa Source ultime, elle sera ravie et voudra y retourner.

Théo. – J’imagine que parfois le mental, les préjugés les en dissuadent.

L’Ancien. – C’est le destin. Tôt ou tard l’âme aura son dû. N’oublie pas que Dieu a tout son temps. Il est hors du temps… et dans le temps puisqu’initiateur de la Création.

Théo. – Une infinie patience …

L’Ancien. – Pour Dieu, il n’y a pas de voyage de l’âme : quoi qu’elle fasse, où qu’elle soit, elle est toujours en lui. Elle est sienne depuis toujours et à jamais.

Théo. – Alors, à quel moment peut-on parler d’aspirant ?

Aspirant

L’Ancien. – Lors des méditations d’introduction, il y a reconnexion : c’est un rappel de la vraie nature de l’être. L’âme est mise en mouvement. Le yatra, voyage de l’âme, débute et pour moi, le pratiquant devient alors un aspirant.

Théo. – Il aspire à Dieu, à l’Ultime ?

L’Ancien. – C’est ce qu’il nous faut garder à l’esprit et ne jamais oublier, quelles que soient les péripéties et les diverses initiations par lesquelles il va passer.

Théo. – Cela me fait penser aux travaux d’Hercule.

L’Ancien. – En effet la symbolique des travaux d’Hercule est inspirante. L’aspirant par moments va douter, vouloir renoncer à sa quête, se décourager, ne voyant pas de progrès significatifs. Mais toi, tu ne dois jamais douter que le Divin veut le retour de l’aspirant, qu’il l’attire, l’aspire en lui, au tréfonds de son cœur.

Théo. – C’est le grand voyage de l’âme… Le mot « âme » vient de « anima », le souffle.

L’Ancien. – Tout comme le mot « initiation », il exprime la mise en mouvement de l’âme.

Théo. – Quel sera notre rôle ?

L’Ancien. – Principalement accompagner l’aspirant sur tous les plans possibles de l’être.

Théo. – Quel lien existe-t-il entre l’aspirant et le Maître spirituel ?

L’Ancien. – Leurs deux cœurs sont connectés. Ils se sont mutuellement accordé confiance. L’aspirant recevra la transmission du Maître et l’aide qu’il voudra bien accepter.

Théo. – L’aspirant peut donc refuser ?

L’Ancien. – Il peut arrêter le travail avec son guide à tout moment. Il peut même décider de couper la connexion spirituelle et humaine s’il le décide.

Théo. – Et que fait le Maître ?

L’Ancien. – Il accepte. Il est au service. Nous l’avons déjà dit, avec le travail conduit par l’amour, il ne peut y avoir d’obligation, de contrainte.

Théo. – Je comprends … Et  quelle est la différence entre un aspirant et un disciple ?

Disciple

L’Ancien. – Un aspirant décide de rejoindre un maître de sagesse, de suivre son enseignement, de recevoir ses transmissions. Un disciple, lui, est coopté par le Maître.

Théo. – C’est l’étape d’après ?

L’Ancien. – Tu es pleinement accepté dans le cœur du Maître. Tous ses trésors spirituels sont tiens. Il te prend totalement en charge. Il est pleinement responsable de toi et de ton évolution. J’appelle cela un lien d’éternité, pour l’éternité.

Théo. – Cela me fait penser à un mariage mystique, au Cantique des cantiques du roi Salomon.

L’Ancien. – C’est une étape rare et importante. Elle n’est pas exposée au grand jour. Le chemin de l’âme prend alors une toute autre dimension dans le secret des cœurs réunis.

Théo. – Que va-t-il se passer pour le disciple ?

L’Ancien. – Tout est ouvert pour le disciple. Il va traverser de nombreuses initiations qui vont le conduire naturellement à la maîtrise.

Théo. – Quelle maîtrise ?

L’Ancien. – Dans le Yoga, c’est la maîtrise du Soi, mais le Soi est infini, il y aura pour lui de nombreuses initiations.

Théo. – Un peu comme à l’université : master 1, master 2, mais ici les masters continuent… à l’infini.

L’Ancien. – Jusqu’à la fusion en Dieu.

Théo. – Qu’est-ce qui a fusionné ?

L’Ancien. – Tout, l’être, l’âme, l’aspirant, le disciple, le maître. Tous se sont absorbés dans le Seigneur. A ce moment-là, il peut être appelé Seigneur car il ne reste plus que le Seigneur en lui.

Théo. – Et l’ego ?

L’Ancien. – Il n’existe plus non plus. Il n’a pas accès à cette dimension divine.

Théo. – Il n’a aucune emprise d’aucune sorte ?

L’Ancien. – Ce n’est qu’à ce moment-là, quand l’être a atteint une telle condition qu’il ne peut plus chuter. Comment Dieu pourrait-il chuter, sinon en lui-même ?

Théo. – C’est le retour de l’âme égarée auprès de son bien-aimé.

L’Ancien. – En réalité l’âme n’a jamais été séparée de Dieu, à aucun moment de son existence. La séparation est une illusion créée par notre ego et nous le croyons. Quand le Divin a fait son œuvre, l’illusion disparaît d’elle-même et il ne reste plus que Dieu.

Théo. – Et c’est là que commence le voyage d’éternité ?

L’Ancien. – C’est un voyage immobile que nul esprit humain ne peut concevoir.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune