Théo. – Peux-tu me parler de cette dimension qu’aborde l’âme dans le « voyage immobile » évoquée lors de notre dernier entretien ?

L’Ancien. – C’est une dimension qui se situe juste avant la création du supra-mental et avec lui la création du temps et du mouvement originel. C’est la raison pour laquelle Babuji a décrit Dieu comme un Centre qui n’a ni nom, ni mental, ni attribut. C’est le Dieu Absolu qui s’est révélé à lui-même et nous l’avons appelé « Dieu créateur ». Dieu semble s’être donné naissance à lui-même. La création et les hommes sont apparus à partir de Son souffle divin, de Son mental, grâce aux pouvoirs qui sont nés et se sont ensuite organisés, du plus subtil au plus dense. Les chakras qui nous constituent en sont le reflet.

Théo. – Ce sont eux que nous purifions et illuminons, afin de leur rendre leur état originel, en utilisant pranahuti.

L’Ancien. – C’est la raison pour laquelle il est dit que Dieu se cherche en Dieu.

Théo. – En chacun d’entre nous.

L’Ancien. – Et il se trouve inexorablement.

Théo. – Dans le voyage de l’âme, nous traversons les régions en passant par les treize chakras. Les difficultés me semblent importantes.

L’Ancien. – Elles ne le sont pas si tu connais le principe premier : ce qui est à la Source produit tout ce qui suit et ce qui est au plus haut gouverne tous les niveaux jusqu’aux plus bas. Le voyage de retour les parcourt de 1 à 13, mais le maître, lui, reste en contact permanent (chakra 13) et dirige les souffles, les forces de l’évolution à partir du chakra n° 10.

Théo. – Celui qui est proche du lotus aux mille pétales (Brahma) et qui correspond à la Réalisation de Dieu ?

L’Ancien. – Oui, seule une personne de cette stature peut être considérée comme un maître. Il est dit qu’il maîtrise son Soi. Seulement alors il peut diriger le yatra des aspirants et des disciples.

Théo. – Quand nous faisons appel au maître intérieur, est-ce à lui que nous nous adressons ?

L’Ancien. – Le maître intérieur est en résonance avec le maître vivant.

Théo. – Pouvons-nous le ressentir ?

L’Ancien. – Quand ton maître intérieur et ton maître vivant ne font plus qu’un à tes yeux, alors tu sais que tu es un disciple.

Théo. – Et je n’ai plus besoin de maître ?

L’Ancien. – Ces considérations n’ont plus d’importance. Tu n’attaches plus d’importance à ce que tu es ou n’es pas. Ce qui est à l’extérieur est identique à ce qui est à l’intérieur de toi.

Théo. – Que devient le disciple ?

L’Ancien. – Rien ou presque. C’est ce que nous appelons le maître. Il se confond avec le Centre. Il n’y a plus de confusion possible. Tout est unifié en lui, autour de lui.

Théo. – Plus besoin de se définir au regard des autres pour trouver ce qu’il est.

L’Ancien. – Une pure manifestation de Dieu, dans laquelle on peut se perdre ou se retrouver, ce qui, finalement, revient au même.

Théo. – On devient comme le maître. Il est à la fois le miroir de celui qui s’y reflète et le miroir de Dieu. C’est bien plus que de l’effacement.

L’Ancien. – Cet effacement s’appelle Présence.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune