Transcription de la visioconférence Le Cœur dans tous ses états, du samedi 20 juin 2020, première partie.
La dernière fois j’ai fait une conférence sur l’unicité (tawhid) et j’avais envie, cette fois, d’aller un peu plus dans la direction du cœur, le cœur dans tous ses états.
Auparavant je vais faire un préambule parce qu’en tant que mystique je vais utiliser le mot « Dieu ». Je sais par expérience que beaucoup de personnes sont réactives par rapport à cela à cause de la religion, de l’éducation, des projections, de tout ce qu’on a mis sur le mot « Dieu ». Donc il est important de comprendre que ces exposés sont issus de ce qu’on appelle la science divine, c’est-à-dire le Brahma-vidya en sanscrit, et de ne pas s’inquiéter du vocabulaire qu’on va utiliser, mais plutôt de l’expérience que l’on va faire.
Par exemple, si je prononce le mot « Dieu », qu’est-ce que cela veut dire ? J’aime bien la définition de Babuji qui a été mon Maître : « Dieu est un centre qui n’a ni nom, ni mental, ni attribut. » La difficulté avec cela est qu’on ne peut rien projeter, c’est un centre. En tout être il y a un centre, en toute chose il y a un centre, dans chaque cellule il y a un centre, l’atome est un centre aussi. Disons que c’est ce qui permet d’accéder à notre centre – là, on a décidé de le faire par le cœur – et d’expérimenter. Je vais donc utiliser le mot « Dieu ». On peut dire, par rapport à l’islam par exemple que c’est Allah, c’est l’Essence aussi, c’est la Vérité, c’est la Réalité. Ce sont des équivalents. Les mystiques vont dire le Seigneur, les yogis vont dire le Soi avec un grand S, l’Ultime, l’Absolu, la Source, le But… Tout est possible.
Petite précision un peu métaphysique : il y a de grosses discussions entre le Dieu Créateur et le Dieu Absolu. En sanscrit c’est Saguna, le Dieu Créateur qui est omniprésent, omniscient, omnipotent, et Nirguna ce Dieu qui est Absolu, qui va être le Zéro. Alors que le Dieu Créateur est le Un et le Dieu Absolu est le Zéro.
Qu’est-ce que Dieu ?
– C’est cela et absolument pas cela non plus, vous diront tous les connaissants, les gnostiques. Mais il faut que nous arrivions à en parler. Certains diront : « Non, Dieu c’est le Zéro, on ne peut rien dire, c’est ce fameux Centre. » Oui, mais, par où allons-nous l’aborder ? On aborde cette dimension en nous – c’est une dimension en nous – par le Un et le Un va nous amener tout naturellement à l’Absolu, à ce fameux Zéro. Nous sommes des êtres humains quand même, donc il est important de l’aborder d’une manière ou d’une autre, mais surtout ce qui est important, grâce à l’introduction à la méditation et à la transmission, on va pouvoir faire l’expérience du Divin donc de Dieu, dans notre cœur. On n’aura pas besoin d’avoir de croyances, de credo, on aura un vécu, c’est cela qui est important.
Tout ce qui se rajoute à cette notion de Dieu n’est pas nécessaire. C’est pour cela que dans l’islam il est dit : « Il n’y a de Dieu que Dieu. » (« La ilaha illallah. ») et chaque religion va avoir son approche. Par exemple, je vais vous parler des chrétiens orthodoxes qui disent en grec : « Kyrie eleison. » Là il y a de nouveau des traductions, de multiples traductions (on verra tout à l’heure), mais j’aime mieux le dire en grec parce qu’au moins mon mental ne se met pas dessus. Ce qui est important c’est de se mettre en connexion avec cette dimension spirituelle qui est en nous, au travers du cœur. Pour cela je vais vous parler du cœur.
Déjà, le cœur m’époustoufle tout le temps même au niveau anatomique. C’est vraiment lui qui nous fait vivre avec le sang artériel et veineux, cette circulation dans toutes les parties de notre corps, jusque dans les capillaires, même les plus petits, il est omniprésent. On a fait des découvertes en neurosciences : il y a une intelligence du cœur. On connaissait cela depuis longtemps : déjà les Chinois dans le livre Le secret de la Fleur d’Or parlent du cœur comme intelligence. On s’est rendu compte que le cœur envoie des informations au cerveau par des neurotransmetteurs, des neuro-hormones. Donc on a donné une autre dimension à ce cœur, même au niveau neurophysiologique. Une anecdote aussi. Vous savez qu’on fait des transplantations cardiaques. Une petite histoire raconte qu’on a transplanté le cœur d’une jeune femme à une femme. La première avait été assassinée : grâce aux mémoires de la transplantée, on a pu arrêter le coupable. Parce qu’il y avait une mémoire, elle a pu raconter ce qui s’était passé. Alors c’est un peu inquiétant : « Qu’est-ce qu’on a mis dans ma poitrine ? » On a mis de la vie, ça continue, et avec le temps les cellules se transforment, se régénèrent, les mémoires aussi s’effacent ou sont distanciées, c’est-à-dire que ce n’est pas la même chose, comme une histoire qui ne nous appartient pas. Mais il est intéressant de voir qu’il y a cette mémoire.
Ce que l’on retrouve aussi, par exemple, c’est la conscience. On dit : « La conscience c’est le cerveau. » Eh bien ! non, la conscience n’est pas le cerveau. Quand une personne est en arrêt cardiaque et en arrêt cérébral et qu’elle a encore une conscience,elle est capable d’entendre des conversations, de voir ce qui se passe ici ou dans une autre pièce quand c’est une intervention chirurgicale. Alors on se dit que nous sommes encore autre chose. C’est vaste. C’est intéressant parce que cela a donné, par exemple en France, la cohérence cardiaque du Docteur Servan Schreiber, qui permet de réguler le cœur par le souffle, par certains rythmes. Cela a donné aussi toutes les recherches de Hartmath. Et cela continue : on voit avec Mathieu Ricard et les expériences qui ont été faites sur lui, et d’autres, qui vont continuer, pour voir quels sont les effets de la méditation Mindfulness ou Heartfulness sur le cortex ou sur le système limbique et l’amygdale. Donc, je pense que dans les temps qui vont venir on va avoir beaucoup d’informations à ce niveau-là, pour montrer le côté magnifique du cœur et ses possibilités multiples.
Je vais aussi passer très rapidement par à la médecine chinoise : en médecine chinoise, on parle du cœur comme shen. Les Chinois sont très précis : il y a le cœur physique qu’on appelle shin, et shen qu’on traduit par esprit ou énergie organisatrice. Cela veut dire que là, de nouveau, même en physiologie et en physiologie énergétique, le cœur est encore au centre et va distribuer à la fois le sang, l’énergie, mais aussi commander toutes les émotions et les sentiments. On retrouve les cinq émotions, les cinq sentiments. Cela fait partie aussi de la médecine chinoise qui parle des cinq éléments et rattache aussi cinq émotions qui sont gouvernées par shen, l’esprit. En même temps on ne fait plus cette distinction entre le corps et l’énergie. Le cœur va commander, diriger, harmoniser tous ces aspects, donc la régulation du cœur est importante au niveau physiologique, au niveau de la santé, mais aussi au niveau de la santé mentale et émotionnelle. Il y a toutes sortes de techniques pour travailler à ce niveau. J’avais décidé de passer très, très rapidement sur ce sujet. Ce sont juste des évocations.
Puis, on arrive au cœur qui me passionne, c’est le cœur comme nous l’avons vu la dernière fois dans la conférence tawhid, avec les niveaux du cœur. Il y a, pour moi, trois niveaux du cœur :
– le premier est le niveau spirituel du cœur qui relie à l’âme, à ce que nous sommes réellement ;
– puis il y a un deuxième niveau qui est le niveau de la profondeur du cœur, là où nous sommes en contact avec notre maître intérieur. Et quand nous avons un maître, ce Maître intérieur est en contact avec le Maître extérieur qui nous instruit, qui nous guide, qui nous apprend donc à réaliser notre union, notre unicité.
Heartfulness, c’est du raja-yoga. Nous faisons du yoga, nous apprenons à réaliser le Soi, à faire l’union mystique avec le Divin, avec Dieu en soi. Là encore qu’importe le vocabulaire qu’on va utiliser, on va avoir accès à cette Réalité, cette grande profondeur du cœur qu’on appelle Dieu, Essence ou Réalité. C’est très intéressant en fonction des différents niveaux :
– au premier niveau, nous sommes dans la dualité, c’est normal dans la manifestation, c’est le yin / yang ; on a besoin de cette dualité. On n’a pas besoin d’être duel pour vivre dans la dualité. Et que cherchons-nous à faire ? – C’est vivre en unité, en union avec nous-même, en unicité.
–Pour cela, il faut arriver à gagner le deuxième niveau du cœur, celui dont j’ai parlé, celui du Maître intérieur, et arriver à vivre à partir de l’unicité, de l’union, dans la dualité. C’est ce qu’apporte la méditation. La méditation ne va pas permettre de réaliser le Divin ou le Soi. C’est une approche qui va permettre d’équilibrer notre mental, de lui donner la modération dont il a besoin. Le résultat est aussi l’équanimité, une façon de voir la vie de manière sereine, paisible, et grâce à cela, d’orienter notre esprit – donc notre mental – dans les profondeurs du cœur. Et comme vous l’avez fait avec l’expérimentation d’Heartfulness (car je crois que les plus récents d’entre vous ont fait au moins quinze jours d’expérimentation et d’autres plusieurs mois), on vous propose de vous laisser absorber par la Lumière divine dans votre cœur : divine, cela veut dire Essence, l’essence de ce que vous êtes, et voir ce que cela donne. Je pense que vous l’avez déjà expérimenté.
Ce qui est intéressant, c’est qu’en état de veille, en état d’activité, c’est de toujours rester en contact avec cette dimension du cœur. Donc il faut arriver à le faire sien, arriver à ce que quand nous fermons les yeux ou quand nous avons les yeux ouverts, nous soyons centrés sur le cœur. On retrouve l’idée de Centre. Le Centre est immobile, silencieux. A partir de là, nous sommes en activité, nous vivons. C’est l’image de la roue : le centre de la roue est immobile et la périphérie avance, progresse, comme pour une bicyclette par exemple.
Quelle est la réalité ?
– Pour nous ce sont les deux ; à la fois le mouvement qui est dans la dualité (yin / yang) et l’immobilité qui est notre centre. Toutes les méditations vous proposent d’être centrés, immobiles. C’est assez pratique, mais c’est un entraînement parce qu’on n’arrive pas facilement à être centrés, dans la verticale, en Présence et dans l’instant. Donc le travail d’Heartfulness est de nous amener à découvrir notre dimension intérieure et notre chemin de vie car chacun a son chemin de vie qui est unique. Même si les méthodes sont généralisées, notre chemin est unique. Il faut arriver à aller en soi et découvrir nos profondeurs.
Qu’est-ce que cela donne dans un premier temps ?
– Un état d’équilibre et de paix intérieure. Et quand vous avez cette paix intérieure, il y a un état qui est appelé en yoga, le contentement. C’est intéressant parce qu’on va aborder la vie et ses multiples problèmes (on en a tous beaucoup) d’une manière sereine. On va pouvoir utiliser ce fameux deuxième niveau du cœur que j’ai appelé aussi le Maître intérieur, pour trouver des solutions, pour savoir ce qui est juste ou faux. On a toujours cette connaissance : quand c’est juste ou faux nous le savons par le cœur. Là est la différence entre le cœur et le mental. Le cœur est vraiment le maître et le mental va permettre l’application. On a tellement d’applications, comme un computer dans notre cerveau, tellement d’informations qu’il y a confusion. Le mental est lié au vent, on dit que c’est le singe fou, il va dans tous les sens. Il est magnifique, mais il faut qu’il soit régulé. Dans le yoga, on donne l’exemple dans la Bhagavad Gita du char qui est conduit par le Seigneur Krishna pour qu’Arjuna aille à la bataille de Kurukshetra : le Maître intérieur est représenté par le Seigneur Krishna qui conduit le char qui est le véhicule, les chevaux sont les sens et vous avez les rênes qui permettent de les commander, de les contrôler. Et vous avez celui qui va combattre donc qui va vivre : c’est Arjuna. Mais il y a une problématique : il n’a pas envie de se battre, même si c’est un guerrier il n’a pas envie. La Bhagavad Gita est la révélation déjà de ce qu’il est, la découverte de son Maître intérieur, au travers du Seigneur Krishna, et de cette problématique de combattre ses Maîtres, ses oncles qu’il aime beaucoup et qui sont dans le mauvais camp malheureusement. Ses cousins les Kauravas sont les tendances, les cent tendances qu’il y a en nous. Il va devoir les combattre lui-même, il ne peut pas faire autrement. C’est une métaphore.
Ce qui est intéressant c’est de voir qui nous guide intérieurement : ma proposition c’est le cœur. Quel cœur ?
– Un cœur purifié et illuminé parce qu’autour de ce magnifique cœur il y a des tas d’enveloppes, d’illusions qui ont été mises. Babuji en a parlé : il y a cinq enveloppes de maya, d’illusions (c’est une métaphore). Il y en a beaucoup plus, parfois des milliers, tout ce que nous avons créé, tout ce que la société, l’éducation ont mis en nous, ce qui fait qu’on n’a pas vraiment accès à notre cœur. C’est pour cela que nous pratiquons la technique de purification, de nettoyage, pour lui rendre son état originel, pour que réellement on puisse se référer, se fier au cœur et à la profondeur du cœur, c’est-à-dire au deuxième niveau qui va nous guider, qui est le Maître intérieur qui nous dira ce qu’il est juste ou pas de faire. On gagne en confiance quand on sait ce qu’on a à faire ou pas.
En même temps, ce deuxième niveau est relié à ce qu’on a appelé la région cosmique qui est située ici au niveau des centres subtils des chakras, qui va nous permettre d’accéder au mental universel, on dit mental cosmique. Et là on va pouvoir piocher des informations. Comment ?
– D’une manière intuitive. Vous savez, même les plus grands chercheurs – ils ont beaucoup travaillé, ils ont la connaissance – et d’un seul coup ils ont une intuition : « Eurêka, j’ai trouvé. » (Hop ! il reçoit une pomme sur la tête.), mais souvent, les chercheurs reçoivent de quelque part, de ce niveau d’intuition (Einstein en a parlé), des révélations, des vérités que leurs connaissances leur permettent de reconnaître et de développer après. Dans ce sens-là, l’intelligence, la connaissance, la raison ont leur place, mais dans un deuxième temps.
Donc vous allez avoir des intuitions, des révélations et la science divine, Brahma-vidya : c’est la connaissance directe de l’univers, des lois de l’univers, de la Création, en fonction des besoins. C’est pour cela qu’il faut être vide, avec une intention, mais être vide pour recevoir les connaissances dont nous avons besoin. Tout est à notre disposition. Tout, mais si vous voulez quelque chose de précis, de spécifique, vous réduisez. Si vous ouvrez, tout peut venir, tout ce dont vous avez besoin, tout ce que votre guide intérieur va vous dire de faire. Il est sûr que si on est dans une recherche, un système, cela va aller dans cette direction parce que nous sommes des êtres humains, qu’on est dans le fini. Ce qui est intéressant est d’arriver à réaliser l’infini dans le fini.
Le but de la spiritualité est donc d’être dans le Un, dans l’Unicité, au travers de la diversité. Pour un langage un peu plus mystique, c’est reconnaître le Divin, reconnaître Dieu, en chaque créature, en chaque personne, en chaque chose même, et être soi-même. Parce que nous-mêmes avons notre place comme tout ce qui existe à sa juste place. Ce n’est pas nous qui déterminons, c’est Dieu qui a déterminé cela dans Sa création. Et qu’a-t-Il fait au début de notre création ?
– Il nous a laissés libres et c’est pour cela que l’être humain est pourvu d’un libre-arbitre. On a vu des fois ce que nous en faisons, ce n’est pas toujours extraordinaire, mais bon, ce sont les exercices aussi qui nous sont proposés pour réaliser ce que nous sommes en réalité.
J’avais aussi envie de vous dire, ce que j’ai trouvé intéressant, c’est ce qui se passe au moment de l’introduction à la méditation. Certains l’appellent même initiation. Initiation veut dire mouvement, mise en mouvement. Il y a au moins trois méditations d’introduction que vous avez tous vécues. On prépare le cœur, c’est-à-dire qu’il y a un nettoyage du cœur, il y a une purification du cœur qui permet d’aller au plus profond. Dans ce sens-là on parle d’initiation parce que cela vous met en contact avec l’essence de vous-même, avec votre Soi, avec le Divin en vous. C’est pour cela qu’on parle de Lumière divine. C’est donc le premier aspect. Il y a cette connexion qui permet, après, de recevoir directement la transmission d’énergie yogique qu’on appelle en sanskrit, pranahuti, et qui va alimenter notre cœur directement. C’est comme un faisceau laser très, très fin, dans notre cœur, c’est comme un point. C’est pour cela que lorsqu’on parle des chakras au début, on parle de points, de nœuds. Ce qui est étonnant, c’est qu’on peut dire que Dieu à l’origine est comme une singularité en nous, Il est un point qui n’a ni espace, ni temps ni dimension.
Que se passe-t-il quand nous travaillons, quand nous Lui laissons un peu plus la place ?
– Ce point va s’ouvrir, c’est pour cela qu’on parle de chakra, comme une fleur de lotus. Il va s’ouvrir, il va y avoir une expansion qui va correspondre pour nous à une expansion de conscience, c’est-à-dire qu’on va prendre conscience de la réalité du Divin en nous, de notre Réalité aussi. On va avoir différentes dimensions de conscience, différents aspects de la conscience qui vont se révéler à nous par l’intérieur.
Il y a une chose que je trouve magnifique, c’est que dans le nettoyage la première chose que nous nettoyons c’est le samskara de la tendance à la peur, parce que la peur empêche de bien vivre, la peur empêche d’accéder à l’amour en nous et à l’amour dans la vie. Donc ça aussi est nettoyé. Il y a cette connexion du cœur du méditant au cœur du Maître pour recevoir cette fameuse transmission.
Après, ce que j’ai pu observer, c’est qu’il fallait avoir la notion du but et, là, c’est ce dont parlait Babuji. Dans la troisième maxime, il disait : « Fixez votre but qui est l’union complète avec Dieu. » J’insiste sur le mot « complète ». Complet cela veut dire qu’il y a à la fois le Un et le Zéro. Il y a le Divin, Dieu que nous permet de rencontrer l’Union et celle du Zéro absolu dont on ne peut pas parler. C’est cela, mais c’est très important (j’ai vu cela sur des gens qui méditent depuis longtemps), ils perdent le sens du but. Donc il n’y a plus cette force, il n’y a plus cet enthousiasme du début, il n’y a plus cette volonté d’aller dans une direction. Il est donc important, tant que cette union n’a pas été faite, de faire cet effort. C’est pour cela que dans le raja-yoga que nous pratiquons, Heartfulness, on propose de méditer vraiment régulièrement, de faire le nettoyage régulièrement et de faire des micro-pratiques qui sont vraiment excellentes pour installer cela, installer cette dimension.
Cela demande beaucoup d’efforts, cela demande de la pratique jusqu’au moment où nous aurons libre accès au deuxième niveau du cœur qui est cette dimension cosmique en nous, que certains appellent le Royaume de Dieu. A ce moment-là le travail est complètement différent. On parle de faire un « effort sans effort ». J’aime bien l’image de la particule, une particule qu’on envoie dans un vide absolu va à l’infini. Il n’y a pas de frottement, l’énergie initiale est suffisante pour que la particule aille à l’infini et c’est là qu’il y a l’« effort sans effort » à faire. Nous l’avons vu la dernière fois, Babuji a parlé à ce moment-là des onze cercles de l’ego, donc de l’ego qui peut empêcher de laisser la place au Divin, à Dieu en nous. Là encore, il y a des étapes, mais elles se font. C’est là où il faut avoir plus d’humilité, d’abandon et se laisser faire. On se laisse faire par quoi ?
– Par ce deuxième niveau du cœur.
Vous me direz : « Vous ne parlez pas du troisième. »
– Ah ! le troisième est extraordinaire, mais il est vraiment difficile, sauf pour des raja-yogis ou méditants très expérimentés, de le vivre les yeux fermés parce que ce sont des niveaux d’absorption, de samadhi où dans le premier on se perd complètement, on a conscience de soi, mais on s’oublie totalement. Dans le deuxième niveau de samadhi, on est totalement absorbé et conscient, et dans le troisième qui est le sahaj-samadhi nous sommes à la fois totalement absorbés dans le cœur et totalement présent à la vie, aux êtres, à ce que nous avons à faire. C’est un état qu’ont les êtres réalisés, les Maîtres, je pense. Il y a encore d’autres étapes. Les niveaux de profondeur semblent infinis, mais sont à vivre, pas à décrire ou à en parler.
C’est pour cela que j’ai trouvé important de parler aussi de cette introduction à la méditation et aussi de l’énergie qu’il faut maintenir et mettre. Je pense que cette énergie doit être maintenue principalement dans la région du cœur. Vous savez, on a parlé des cinq points du cœur, dans la région du cœur donc on va avoir un voyage de l’âme qu’on appelle le yatra en sanscrit, du point 1 aux points 2, 3, 4, jusqu’aux points 6, 7, et nous passons dans les parties supérieures. Mais nous allons expérimenter cela plus tard.
Ce que j’aimerais, pour que nous nous mettions un peu non pas en jambe, mais en cœur, c’est faire une petite pause, une micro-pratique pour l’instant, pour aller dans la profondeur du cœur.
Si vous le voulez bien, fermez les yeux.
Portez votre attention vers le cœur et laissez-vous absorber par la Lumière divine qui s’y trouve. (Pause.)
Prenez conscience du premier niveau. C’est vaste. (Pause.)
Maintenant, laissons-nous absorber dans le deuxième niveau. (Pause.)
Et maintenant, laissons-nous absorber dans le troisième niveau du cœur qui va à l’infini de notre être. (Pause, méditation.)
Tout doucement, revenez en surface tout en gardant un contact avec la profondeur de votre cœur. (Pause.)
Quand vous le sentirez, vous ouvrirez doucement vos yeux, toujours en contact avec la profondeur du cœur. (Pause.)
Puis vous regarderez de nouveau l’écran, en contact avec la profondeur du cœur.
Théophile l’Ancien
Extrait de Causeries
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