– Parle-moi encore de la méditation. Que doit-on faire après avoir médité ? demande Théophile le Jeune.
– Il ne faut jamais couper brutalement avec la méditation.
Lorsque l’on revient des profondeurs du cœur, on savoure cette atmosphère spirituelle. Notre conscience la fait sienne, si ce n’est pas déjà fait naturellement. Tu l’intègres tranquillement permettant à cette vibration subtile de remplir tout ton espace intérieur.
Essayons ensemble si tu veux.
Ferme doucement les yeux et plonge dans les profondeurs de ton cœur.
Laisse toi aspirer par ses abysses lumineux.
Va jusqu’à la limite de ta conscience.
Reviens doucement comme un plongeur en apnée qui palme pour remonter à la surface tout en appréciant la beauté de l’océan.
Reprends conscience de ton espace intérieur.
Permets à la lumière de ton cœur d’imprégner toutes tes cellules.
Puis rayonne la tout autour de toi, au loin.
Comment te sens-tu ?
Théophile le jeune semble émerger d’un sommeil profond :
– Cette plongée est extraordinaire, c’est un véritable aller-retour entre des niveaux que je ne saurais définir. L’effet est vivifiant.
– Que ressens-tu autour de toi ?
– Un apaisement, une douceur ouatée comme cette atmosphère blanche et assourdie lors de promenades en raquettes dans les sous-bois enneigés, on est à l’extérieur et pourtant cela donne l’impression d’être confortable. Tous les bruits sont amortis mais ils semblent résonner au loin.
– Etais-tu conscient ?
– Absolument, ma vigilance était au maximum. Chaque chose semblait à sa place dans un silence empreint de sacré. Je me sentais dans une relation à l’autre complètement différente. J’éprouvais du respect et comme une attention spontanée dirigée vers tous les gens indistinctement. Je n’ose pas dire de l’amour…
– Pourquoi ? Cela te gêne ?
– Non ce n’est pas ça, c’est plus de la pudeur. Pour moi le mot amour ne se dit pas, l’amour se vit dans le silence radiant du cœur. Parfois, on le retient en soi alors qu’il est partagé. C’est un peu stupide je sais, s’excuse le jeune homme.
– Le mot te gêne car les êtres humains en ont abusé. L’amour n’appartient qu’à lui-même. Personne ne peut l’emprisonner, ni le manipuler. Il ne force ni ne contraint. Si on ne veut pas de lui ici, il coule paisiblement ailleurs. Il reviendra plus tard, attendant que les cœurs solitaires et tristes s’ouvrent librement à lui.
– Tu veux dire que l’amour n’appartient à personne ?
– Exactement, comme l’eau, l’amour coule d’un cœur à l’autre et même entre les cœurs.
Il peut remplir tout l’espace. Il peut même se contracter en un seul point ou traverser toutes les dimensions. Il n’y a ni haut ni bas, pas de supérieur ou d’inférieur. Pour l’amour, tout est égal.
– Est ce que l’amour a un lien avec la connaissance ? Il me semble que lorsqu’on aime on connait instinctivement la chose aimée ?
– Oui, c’est cela. Quand l’amour touche la connaissance, elle devient sagesse. C’est l’amour sagesse.
Quoi que touche l’Amour, il le magnifie.
Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune