Transcription de la visioconférence Le Cœur dans tous ses états, du samedi 20 juin 2020, deuxième partie.
Comme c’est la Journée Internationale du yoga aujourd’hui et demain, je ne pouvais pas faire autrement que de vous parler du chakra du cœur, anahata-chakra. Il fait partie d’un ensemble de sept chakras et, comme vous le voyez, il est au centre dans la poitrine, en vert. Il fait le lien avec :
– la partie inférieure, les trois chakras inférieurs, chakra racine (muladhara), sacré (swadhistana) et solaire (manipura),
– et les trois supérieurs qui sont la gorge (vishuddi), le troisième œil (ajna-chakra) et le chakra couronne (sahasra-dal-kamal).
C’est avec ce chakra couronne, quand il est pleinement déployé, qu’on dit qu’on a fait notre réalisation du Soi, notre union avec Dieu. En général, dans le yoga, c’est le maximum. Les Maîtres du raja-yoga sont allés plus loin pour aller vers cet aspect dont je vous ai parlé, l’aspect absolu qui est à la fois la Source et le But.
On va revenir sur le symbole de anahata-chakra. Il est important de dire que ce sont des chakras constitutifs qui existent quand on vient, qu’on s’incarne dans ce monde. On commence par l’esprit le plus subtil et on s’incarne. On va passer au travers des chakras qui sont aussi liés aux éléments. Le dernier, muladhara, est lié à la terre, c’est le chakra de la terre.
Nous travaillons sur le lotus du chakra, sur les fleurs. Les cinq points du cœur, ce sont les fleurs. En général, vous avez les chakras qui sont non physiques, mais représentés dans le physique, ce sont les plexus, les différents plexus nerveux. Et il y a les organes (ça c’est pour la médecine ayurvédique ou chinoise). Vous avez donc les dimensions subtiles des chakras, et ce qui est apparu c’est qu’on avait la capacité de tout réaliser à partir du cœur. Vous voyez, vous avez deux triangles qui se mêlent : c’est le sceau de Krishna qui plus tard a été appelé le sceau de Salomon. Mais c’est le sceau de Krishna qui représente la rencontre des énergies du ciel et de la terre, de purusha et prakriti. Au centre de ce cœur qui est le centre du Centre, là où il y a l’Essence, la grande profondeur de notre cœur, c’est le royaume de Dieu. Dans la tradition, on dit que le Seigneur Krishna prépare le méditant, le yogi, pour se connecter à Dieu qui est représenté par le dernier chakra – sahasra-dal-kamal.
C’est très important. Vous voyez, au centre, vous avez un petit tube qui part du centre et qui va tout en haut. Il y a une connexion directe qui ne passe pas par les autres chakras entre anahata-chakra, donc le cœur, et la couronne (sahasra-dal-kamal) qui permet l’union à Dieu. Qu’est-ce qui se passe quand la connexion est faite ?
– C’est à ce moment-là que nous pouvons recevoir la grâce divine. La grâce divine est d’ailleurs quelque chose qui n’a rien à voir avec la technique, mais qui ne peut descendre dans le cœur du méditant que quand celui-ci est totalement purifié. Donc vous voyez le travail de préparation qu’il y a à faire est bien expliqué ici.
Daaji nous dit même que mille transmissions (cette transmission d’énergie yogique, vous l’avez expérimentée, c’est assez extraordinaire) valent une grâce. La grâce est quelque chose qui descend quand on est prêt, quand c’est la volonté de Dieu. Elle fait des miracles et c’est ce qui donne aussi cette joie intérieure, cette félicité permanente, cette conscience d’être.
Autour de cet aspect central, il y a un lotus qui a douze pétales qui correspondent à douze qualités dont une que j’aime beaucoup, que j’ai mise au niveau central – c’est l’unité. Je vais vous les citer les autres : l’amour, la joie, la paix, la félicité, la clarté, la pureté, la compassion, la compréhension, le pardon, la patience, la gentillesse. Ces douze qualités vont se réaliser au fur et à mesure où nous allons réaliser le cœur et sa pureté.
On va retrouver ces douze pétales dans le lotus aux mille pétales, à un niveau central. Ici, ils sont rouges, en haut, on dit qu’ils sont sans couleur, dorés. Cela montre aussi l’importance capitale du cœur pour réaliser l’Ultime. En plus, il y a ces six branches (donc l’hexagramme), chacune représente un des chakras. Cela montre aussi que l’on peut réaliser chaque chakra, intégrer chaque chakra dans le cœur. D’où la merveille du cœur. Le anahata est considéré comme relié à l’élément « air » et au mental. C’est pour cela que nous utilisons le mental dans le champ du cœur. La traduction en sanskrit de anahata veut dire « infini », « continu ». Il révèle le Verbe de Dieu, appelé le Brahma-shabda. C’est là où les gens disent le « Om ». Il y a un son spécifique, c’est « So Ham », qui permet de réaliser le cœur. La signification est : « Je suis Cela. » Ce que je trouve encore extraordinaire c’est que le son émis par le cœur est un son sans percussion, un son sans son. Vous voyez, c’est normal : si on va dans la grande profondeur du cœur, le Verbe, le Logos de Dieu, n’est pas audible d’une manière humaine avec l’oreille, même si on dit le « Om ». « Om », c’est magnifique, il donne un accès. Mais il faudrait faire comme pour la prière (on avait parlé de la prière, le dhikr émis par Ghazali), il n’y a plus de son, il n’y a que le silence, c’est cela le « son sans son ».
C’est ce qu’on peut apprécier parce que souvent on se dit : « Mais comment cela se passe-t-il à l’intérieur ? »
– On peut apprécier la qualité de profondeur à notre silence intérieur. On peut apprécier la qualité de l’audience à la qualité de silence de l’ensemble. C’est pour cela que Babuji disait que le silence est le langage de Dieu. C’est pour cela qu’en méditation nous faisons silence, pour être réceptifs, pour écouter. Il est dit encore que quand nous prions nous nous adressons à Dieu, et quand nous méditons nous écoutons Dieu. Nous écoutons ce « son sans son » de anahata-chakra avec les organes internes. C’est pour cela que dans le deuxième niveau du cœur il y a un développement de la clairaudience et de la clairvoyance. On avait parlé de chahid la fois dernière, c’est-à-dire développer à la fois la vision intérieure et l’écoute intérieure. C’est une des choses qui se révèle d’elle-même par la pratique de la méditation du cœur.
Une chose dont je n’ai pas parlé encore : dans le symbole du cœur, vous avez une antilope qui est en bas et qui représente la vigilance. Cette petite antilope, au moindre danger, elle s’en va très, très vite. Elle correspond à la vigilance, à l’attention. Pour introduire un prochain sujet, je la relie à la « garde du cœur » c’est-à-dire à la vigilance. Une fois que le cœur est purifié et qu’on est dans le souvenir constant, on est vigilant, on évite que des choses pénètrent et viennent nous perturber pour garder cette pureté intérieure et ce contact avec ce que nous sommes réellement, la confiance. Donc, oui, on retrouve ce que j’aime bien chez les catholiques et les chrétiens orthodoxes, dans la philocalie ils parlent de la « garde du cœur ». Il faut garder ce cœur, c’est un endroit précieux, il ne faut pas y laisser entrer n’importe quoi, il faut le garder pur. Et c’est dans ce sens-là que, quand on le garde pur (vous savez cette fameuse grâce qui descend), on vit avec cette vibration qu’on appelle la Présence que les mystiques vont appeler Dieu. C’est la Présence. Vivre en Présence, arriver à continuer à vivre en Présence, quoique nous fassions.
On s’entraîne : c’est beaucoup plus facile de le faire avec la méditation parce que les sens sont retirés. C’est toujours le yoga, ashtanga-yoga, il y a le retrait des sens, pratyara, ils sont tournés vers l’intérieur. On porte l’attention, pas la concentration, mais l’attention, sur le cœur. D’accord ? On est immobile (asana) on a une posture impeccable (manamyama) pas de problème, ils sont en dehors et on n’a pas besoin de s’en préoccuper dans le moment. Il existe aussi pranayama, mais on n’a pas besoin de faire des exercices respiratoires. Vous savez que souvent dans la méditation on vous propose de respirer ou de faire des rétentions ou des respirations spécifiques pour pouvoir mieux méditer, c’est vrai, ça marche. C’est-à-dire que si vous avez de l’agitation mentale, observer votre respiration sans la changer, vraiment ça régule beaucoup.
Il y avait dans les réseaux sociaux un jeune bouddhiste tibétain qui expliquait comment réguler le mental et surtout l’ego. Je l’ai trouvé magnifique. Il disait : « Oh! c’est très simple : “Breathe in, breath out, breathe in, breath out.” ». Il avait un magnifique sourire en disant : « Il n’y a pas de problème. » La seule chose qu’il n’a pas dite c’est qu’il a médité pendant des années pour arriver à ce calme. Surtout, ce que je trouve extraordinaire, qu’on retrouve d’ailleurs chez beaucoup de bouddhistes, c’est qu’ils ont à la fois une assise, une sérénité et une joie intérieure qu’on retrouve dans les entretiens du Dalaï Lama, par exemple. Ils sont toujours joyeux, ils sont comme des enfants. Et cela, pour moi, c’est le signe qu’ils ont été dans la profondeur de leur être et qu’ils ont découvert cette dimension dont on a parlé, parce qu’il y a une joie intérieure. Il y a cette paix, mais il y a aussi la joie intérieure qui est là. Quand un spiritualiste fait triste mine, ou il passe dans une période difficile ou il faut qu’il avance encore un peu.
Théophile l’Ancien
Extrait de Causeries
Visioconférences