La Bhagavad Gita est composée de dix-huit chapitres. Elle est un véritable enseignement de raja-yoga qui est à la fois une science et un art expliquant la relation entre l’âme individuelle et Dieu (ou le Soi).

Le contexte du dialogue entre Arjuna et le Seigneur Krishna

La Bhagavad Gita est divisée en trois fois six chapitres :

  • les chapitres 1 à 6 parlent du karma-yoga ou Yoga de l’action ;
  • les chapitres 7 à 12 parlent du bhakti-yoga ou Yoga de la dévotion ;
  • et les chapitres 13 à 18 traitent du jnana-yoga ou Yoga de la connaissance.

La Bhagavad Gita représente l’essence de la littérature et de la culture védiques. Elle traite de tous les sujets essentiels qui concernent l’être humain, sous la forme d’un dialogue entre le Seigneur Krishna et Arjuna. Krishna est la manifestation de Dieu qui vient sur Terre pour restaurer le dharma (le devoir, ce qui est juste) perdu par les hommes il y a cinq mille ans de cela.

La Bhagavad Gita est issue d’un récit épique, le Mahabharata.

En voici le contexte.

A la mort du Roi Pandu, son frère Dhritarashtra a la tutelle des cinq fils de Pandu (les Pandavas) en attendant qu’ils soient en âge de régner. Dhritarashtra eut lui-même cent fils, dont l’aîné se nomme Duryodhana. On les nomme les Kauravas. Ces derniers vont attenter plusieurs fois à la vie des Pandavas et de leur mère, mais les complots sont déjoués grâce à l’intervention de Vidura et la protection du Seigneur Krishna. Arrive alors la dernière ruse de Duryodhana. Il faut savoir qu’un guerrier (un kshatrya) observe un code de l’honneur qui lui interdit de refuser un défi, que ce soit au combat ou au jeu. Duryodhana fait donc jouer les Pandavas et, en trichant, il parvient à les déposséder de leur royaume et de tous leurs biens. Il les contraint à un exil de treize années après lesquelles les Pandavas pourront retrouver leur royaume. Mais après cette période, Duryodhana les traite avec mépris, leur refuse ce droit et ne leur accorde absolument rien.

Depuis le début de cette histoire, le Seigneur Krishna essaye d’intervenir pour régler pacifiquement ce conflit. Il s’agit d’un conflit familial puisque les Kauravas et les Pandavas sont cousins. C’est un drame qui implique des oncles, des maîtres, des amis, des alliés, et chacun devra se positionner pour un parti ou pour l’autre, en fonction de son devoir, de ses intérêts ou de son intelligence spirituelle.

La véritable question est : peut-on laisser gouverner un monde déjà en perdition par un roi aveugle, une reine ambitieuse et des fils corrompus qui, de surcroît, refusent tout règlement pacifique au conflit qu’ils ont déclenché avec les Pandavas ?

Les Pandavas sont des dévots et amis du Seigneur Krishna et sont d’une haute vertu morale. Yudhisthira est le frère aîné, fils de Kunti et du Dieu Dharma. Le dharma doit être restauré, et l’avatar de Dieu (du dieu Vishnu) est là pour s’en assurer, sous la forme du Seigneur Krishna.

Les Kauravas sont eux aussi officiellement les alliés de Krishna. Duryodhana semble le respecter, mais il ne suit jamais ses conseils. En fait, il est davantage attiré par le pouvoir du Seigneur que par sa sagesse et son amour, comme l’illustre bien l’épisode suivant.

Quand la bataille devient inévitable, le Seigneur Krishna laisse le choix aux combattants entre ses armées et sa simple présence. Au moment de choisir, le Seigneur est endormi, Arjuna (l’un des Pandavas) entre et s’assoit humblement à ses pieds alors que Duryodhana est déjà là, assis à côté de la tête du Seigneur. Duryodhana, qui représente les tendances égotiques (nous reviendrons sur ce point), revendique la préséance : « Je suis le premier, je dois dominer, j’ai le droit d’être soutenu par le Seigneur, je, je, je … » Quand le Seigneur ouvre les yeux il voit Arjuna en premier, à ses pieds, soumis… Il donne l’initiative à Arjuna, mais ce dernier préfère s’effacer et laisser son cousin choisir. Le choix est donc donné à Duryodhana de décider ce qu’il veut : le pouvoir et les forces du Seigneur, ou bien le Seigneur lui-même, sa simple présence non combattante ?  Arjuna, qui symbolise le cœur, s’est mis en second. Duryodhana a dû le prendre pour un crétin. Lui s’empare des armées et de la puissance du Seigneur, ignorant le Seigneur lui-même. Cela fait toute la différence entre la connaissance, même spirituelle, et le Seigneur lui-même qui est là, immobile, paisible, rayonnant au centre de nous-mêmes.

Il est dit que la bataille dure dix jours et qu’elle entraînera la mort de plusieurs centaines de millions de soldats dans les deux camps. Chacun utilise des armes spéciales (nommées Brahmastra) des armes psychiques et des artefacts puissants et destructeurs comme la roue de Krishna. Le combat est mené selon un code d’honneur, le soldat affrontant le soldat, le chevalier un autre chevalier, les hommes sans arme ou blessés étant épargnés.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Les Cahiers de Théophile
Commentaires de la Bhagavad Gita