– Je voudrais que tu m’expliques la notion de mise à l’épreuve par les Maîtres au cours de l’évolution spirituelle du disciple. Si le Maître est tout amour, quel besoin de tester son disciple de façon parfois rude ? interroge Théophile le Jeune.

– Il y a deux aspects dans la voie spirituelle que nous empruntons : il y a une forte accélération de l’évolution, mais aussi du karma individuel, répond Théophile l’Ancien. Les Maîtres s’efforcent de guider, mais aussi de nettoyer et d’éliminer le karma et ses samskaras au fur et à mesure de l’évolution du disciple.
Ils sont très enthousiastes et prêts à accélérer encore plus (à l’infini), mais ils leur faut respecter les capacités de l’être. Une avancée prématurée de l’être pourrait avoir un effet inverse et l’arrêter, voire le détruire. Il s’agit d’un savant dosage. La mise à l’épreuve est un test qui leur permet de s’assurer de l’état du disciple, de sa maturité et de ses capacités à aller de l’avant. Ils ont tout le temps du monde pour cela, mais la vie humaine est très courte. Il est très rare, bien que cela arrive parfois, qu’une telle progression puisse avoir lieu en un temps aussi court que celui d’une vie. C’est la raison pour laquelle il y a tant de vies à leur disposition. C’est plus adapté. Tu as remarqué que les plus gros obstacles sont de l’ordre de l’inconscient. Ils sont structurellement engoncés dans la personne qui ne peut en aucun cas les distinguer, encore moins les dépasser. Les épreuves sont là pour permettre de « dé-sidérer » l’être, de le secouer. Le choc est propice à l’avancée, à la transformation. C’est un acte d’amour. L’épreuve est nécessaire. Ce sont les Maîtres qui ont accès à la Volonté divine qui en sont chargés. Ils en ont la volonté par amour. Comprends-tu que cela représente une bénédiction et en aucun cas une punition ? Tout est une question de point de vue. Ils ne veulent que le Bien pour les aspirants et les disciples. Les autres subissent le même sort, mais dans une moindre mesure. Ce sont des petits enfants dont la conscience et les possibilités sont limitées. Quand l’enfant atteint cinq ou six ans il est en mesure d’apprendre à lire et à écrire. Son cerveau est mature. C’est le moment pour le faire. Il en est de même pour tous les êtres humains. Nous ne pouvons accélérer le processus. Ils mûrissent naturellement sous le soleil et la pluie de Dieu. Ils ont aussi leur lot d’épreuves et de souffrances, mais dans une moindre mesure. Tout est dosé par les Maîtres du karma, rien n’est laissé au hasard. Leur patience et leur amour sont infinis pour tous. Leur  regard est tourné vers Dieu, comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ?

– J’ai l’impression que cela se fait par la « vie » et qu’on peut juste les accompagner durant le temps de l’épreuve afin qu’ils la passent plus facilement. On peut aussi leur offrir les outils humains et spirituels à disposition comme la méditation et le nettoyage-régénération, ajoute Théophile le Jeune.

– Tu as donné le mot clef, s’exclame Théophile l’Ancien : « Cela se fait ! » La volonté n’est pas personnelle. Elle permet à la Volonté divine d’agir. Cela se fait. Les Maîtres sont plus spectateurs qu’acteurs. Ils permettent au cours d’eau de l’évolution de descendre harmonieusement dans chacun des êtres. Ils l’orientent, certes, mais dans la mesure du possible, ils retirent le plus grand nombre d’obstacles ; par moment, certains doivent être conservés pour le bien de l’aspirant. Il y a une leçon à tirer, un enseignement bénéfique. Certaine fois, il y a même une joie à voir arriver l’épreuve, car c’est une merveilleuse opportunité de voir la Divinité à l’œuvre. Le disciple sait que c’est une source d’évolution rapide et il s’en réjouit. Une jubilation s’installe dans l’épreuve pour celui qui en saisit toute la portée. Les Maîtres voient la même chose pour chacun. Il n’y a rien de morbide dans tout cela. Ce sont souvent les religions qui n’ont pas saisi le sens de l’épreuve. Elles y ont associé le péché, la punition divine et je ne sais quoi encore.
L’épreuve annonce une avancée vers Dieu. Il faut s’en réjouir au lieu de la craindre et de se lamenter. Il faut l’accueillir comme un présent qui nous est offert, comme la bénédiction qu’elle est. Tu peux dès à présent changer définitivement ta vision de l’épreuve.

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune