Transcription de la visioconférence Le Cœur dans tous ses états, du samedi 20 juin 2020, quatrième partie.
Je vais passer au dernier sujet que je voulais vous exposer : les points du cœur. Dans le cadre de Heartfulness, on nous dit que la première étape est la pratique, une pratique rigoureuse et si on veut avoir des résultats, journalière, quasiment permanente. Cela demande des efforts, des efforts parce qu’on est dans le monde de la dualité, des efforts parce qu’on a beaucoup de complexités intérieures, beaucoup de tendances, parce que le cœur est couvert de voiles donc on n’a pas d’accès direct. Ce qui est intéressant c’est de voir qu’au fur et à mesure qu’on va progresser spirituellement, des choses vont apparaître. Et là on est encore (j’adore les paradoxes) dans la connaissance de soi. C’est la zone du cœur, de la manifestation qui va permettre la connaissance de soi. Alors que pour arriver à réaliser l’Ultime, il faut pratiquer l’oubli de soi. Vous voyez ce paradoxe : se connaître et s’oublier. Et cela marche ensemble parce que nous sommes des êtres humains, donc paradoxaux : on est à la fois porteurs des plus grandes qualités, des plus grandes vertus spirituelles et divines, et on est des fois de sinistres individus, des gens bizarres, complexes, magnifiques et horribles. Ce sont ces deux aspects qui sont apparemment contradictoires.
Effectivement, dans la méditation il y a un travail que nous devons faire par nous-mêmes c’est le travail sur ce que nous sommes – caractère et façon de vivre – parce que le Divin nous a pourvus du libre-arbitre donc nous faisons ce que nous voulons de notre vie. Pourquoi nous faisons ce que nous voulons, pourquoi Il nous a laissé cela ?
– Pour pouvoir être co-créateurs avec Lui. C’est-à-dire que la Création n’est pas finie, elle est en expansion. Des découvertes se font encore, encore et encore et donc s’Il nous avait limités, comme peuvent l’être les anges par exemple, nous n’aurions pas cette qualité de co-création avec Lui. Mais pour que cela ait lieu au mieux, suivant Son plan, il faut être connecté à Lui, sinon, nous sommes dans notre propre création et on voit ce que cela donne sur terre. Sans commentaires.
Donc nous avons le premier point qui est, pour moi, le point sur lequel on va méditer, le point de la terre, le point 1. Quand nous allons l’avoir nettoyé comme il faut, purifié, illuminé par la transmission yogique, il va y avoir un sentiment de contentement plus ou moins permanent. C’est là où on peut s’évaluer, dire : « Où est-ce que j’en suis ? Est-ce que je suis dans le contentement ? » Babuji disait : « Un homme heureux est un homme heureux en toutes circonstances. » Cela ne veut pas dire qu’on est béat, que la vie est un long fleuve tranquille, ce n’est pas du tout cela. C’est la manière de faire face à la vie, à ses difficultés, à sa beauté, à tout ce qui se présente à nous, dans un sentiment de contentement. Pour en évaluer le niveau, on peut observer comment est-ce que je suis quand je suis mécontent : est-ce que je suis mécontent de la vie, de la société, d’untel, de mon mari, de mon épouse, de mes parents, de mes enfants, etc. ? Cela montre qu’on est encore dans la surface et que le Divin n’est pas encore totalement en place en nous parce qu’on n’a pas accès à la réalité des choses, à la réalité des êtres, à la réalité des situations.
Quand on est dans le contentement, on est dans la générosité. Alors que quand on n’est pas très content on est souvent un peu à l’étroit, dans le manque, dans l’égoïsme. « La vie n’est pas facile, vous comprenez, on s’en sort difficilement, il faut que je me protège, les gens m’agressent un peu, vous voyez. » C’est pour cela aussi que Babuji disait qu’il y a dans le cœur, une partie supérieure, une partie inférieure, la partie plus spirituelle et la partie plus humaine on va dire. Mais Il dit que quand la partie inférieure est illuminée, vous allez trouver Dieu en vous, et quand la partie supérieure est illuminée, vous pouvez regarder Dieu en toutes choses et dans tous les êtres. Donc malgré ce qui se passe, malgré les expressions, on arrive encore à voir le réel propos de notre vie, mais aussi celui de chaque être humain.
C’est pour cela qu’il y a aussi cette analyse beaucoup plus fine : on peut regarder les points dont parlaient Daaji et Babuji : A, B, C, D, le centre subtil du cœur. Donc on passe de la région de la manifestation dite du cœur, pind-desh, 1, 2, 3, 4, 5, et quand on passe à 6, 7, on est dans la région cosmique. De nouveau on a cinq points jusqu’à 10, après on passe dans la région supra-cosmique et centrale, 11, 12, 13. Au niveau du 13, on a en nous l’expression de Dieu sans forme, sans nom, sans attribut, le Centre, l’Absolu, l’Ultime.
Cela est vécu et intégré dans le cœur, donc dans les trois niveaux du cœur. On peut faire ce voyage de l’âme, on peut se repérer sur cette carte, mais on peut faire tout ce chemin à travers le cœur, la profondeur du cœur et la purification du cœur. C’est cela qui est magnifique, c’est la voie directe, la voie verticale dont parlait Babuji, et vous avez aussi un chemin au travers des centres subtils des chakras du cœur et autres (chacun son chemin).
Si on veut avoir une meilleure connaissance de soi, par exemple le point A représente notre relation à la vie et aux autres. C’est pour cela que je vous proposais de méditer dessus en sentant qu’on est vraiment tous frères les uns et les autres. Cela rejoint un peu la prière universelle de 21 h pour l’humanité. Quand on n’a pas ce sentiment, on n’a pas cette réalité en nous, on n’a pas ce sentiment de fraternité, de communauté, d’unicité. C’est cela aussi qui est important quand on a réussi à réaliser cette lumière dans le cœur : cette unicité où on voit l’union de la vie. Sinon on reste dans la dualité.
Après on passe au point au point B qui représente toutes les obsessions. Il est dit aussi qu’il est en contact direct avec les trois premiers chakras que nous avons vus : muladhara (racine), swadhistana et manipura. C’est le nettoyage qu’on peut faire par devant. On nettoie toute la partie humaine de la personnalité qui correspond à ce que nous sommes en tant qu’êtres humains, et qui va permettre de nous dégager de nos obsessions. On considère l’obsession sexuelle qui est la plus forte ; ce qui est important, comme dans toutes choses, c’est d’avoir un équilibre. Ce qui est proposé dans la technique, c’est de laisser partir la Lumière c’est-à-dire que la lumière de l’âme sort à partir du point B, et à ce moment-là on est beaucoup plus nous-même.
Ensuite on a le point C. Au point C, on est toujours là à dire : « J’aime, j’aime pas. » On est attiré, on est repoussé, etc. Donc on voit ça en nous.
Le point D est celui de la culpabilité. Ça c’est ce qu’il y a de pire parce qu’on n’est pas heureux de nous-même, on culpabilise et on ferme notre cœur.
Cela est une façon de se connaître. Alors, après, comment travaille-t-on ?
– On n’a pas besoin de s’occuper de tout cela. On nettoie. Le cœur est nettoyé et cela nettoie tous ces sous-centres subtils.
Comment on peut se repérer ?
– Quand on a une paix intérieure, un état de contentement. Quand c’est là, il y a une belle avancée par rapport à ce premier point.
Après, on va vers le deuxième point, le point 2, c’est le point de l’âme ou pour les soufis, ruh, l’esprit, qui permet d’être en contact avec l’amour, la dévotion. On part de cette générosité du point 1, qui va vers le point 2 qui va être ce centre subtil n° 2 qui va nous permettre d’être plus dans le don de soi, dans l’empathie, dans la compassion. Je considère la compassion comme de l’amour en action. Quand ce centre (pour se repérer encore au niveau de la connaissance de soi) n’est pas nettoyé, illuminé, en place, le monde est étriqué, on est en dépression, on est renfermé sur soi-même, mais dans le tourment. Alors que sinon il y une paix, il y a une paix intérieure, on a envie de donner et ça va vers plus d’amour, plus d’amour universel.
Ensuite nous passons au point « feu », le point n° 3 qui quand il est purifié, illuminé, va nous donner de l’enthousiasme, c’est du feu, et l’amour augmente, on a une plus grande vivacité d’esprit, on peut mieux comprendre les choses, il y a une compréhension. Sinon quand ça ne se passe pas, on est en colère. Et si on n’arrive pas à exprimer la colère, on est dans la frustration, dans le ressentiment, la rancœur. L’enthousiasme est aussi l’impulsivité, l’irritabilité. Donc quand vous voyez quelqu’un d’irritable ou de colérique, pensez que c’est une énergie divine qui est là, et que si elle est tournée, elle est tournée vers l’enthousiasme, et l’enthousiasme cela veut dire « en Dieu, in Theos. » Donc c’est le début de la sagesse, on commence à mieux comprendre.
Après on passe au point 4 qui est lié à l’eau et qui va donner à la fois courage, sérénité. Quand on va plonger en profondeur, on va être en contact avec la volonté divine, la foi, ce qui va nous donner dans la vie plus de détermination et de confiance en soi. Là encore, quand ce point n’est pas bien nettoyé, il va manifester la peur, la peur de tout, la peur de soi, de la vie, de l’avancée.
On arrive au point 5. Quand il est purifié, on a accès à viveka c’est-à-dire le discernement, la clarté, la clarté d’esprit face à l’illusion. C’est pour cela que ce point 5 est relié au point 10 ou sahasra-dal-kamal, c’est-à-dire à la réalisation du Soi. C’est là où les dernières illusions liées au monde de la manifestation sont dissipées.
Donc vous voyez, ce que je trouve très important c’est de comprendre que le cœur est un magnifique intégrateur de tous les plans : divin, spirituel, humain.
Comment se repère-t-on par rapport au cœur ?
– Le cœur unit, il unifie.
Que fait le pauvre petit ego ?
– Il a tendance à séparer, à se sentir désuni, à exclure, à s’exclure, à se sentir à part parce qu’il y a de la peur. Donc, ce que propose Heartfulness, c’est d’arriver à ce que l’ego (qui est intéressant parce qu’il utilise la puissance de la volonté) puisse être au service du cœur.
Comment faire ?
– Par l’amour, pour qu’il soit subjugué par l’amour, que l’ego soit subjugué par l’amour et qu’il devienne à ce moment-là un véritable serviteur qui va permettre de réaliser ce que nous avons à réaliser ici-bas, sur terre, d’une manière joyeuse, partageuse, extraordinaire.
Théophile l’Ancien
Extrait de Causeries
Visioconférences
Quelques lectures conseillées
Il me reste trois minutes. Je vais profiter de ces trois minutes pour faire ma revue de presse.
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La méditation comme la montagne, c’est Ecrits sur l’hésychasme de Jean-Yves Leloup.
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Un que je vous recommande, qui est facile à lire et qui explique bien la prière perpétuelle des chrétiens orthodoxes, c’est Récit d’un pèlerin russe. Il y a vraiment tout dedans. Il parle de Siméon, le nouveau théologien que j’adore, qui est vraiment extraordinaire. Séraphin de Sarov (je ne sais pas s’ils en parlent). A lire, vraiment.
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J’ai fait référence au livre Petite philocalie de la prière du cœur.
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Ensuite, pour la journée du yoga, ce carnet qui est fait par Daaji sur le yoga (Revue Heartfulnes, décembre 2018). Il y a vraiment tout dedans, les sutras de Patanjali, etc., etc. Vraiment magnifique.
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Et, enfin, il est disponible : Heartfulness, la méthode. On peut l’avoir sur Amazone, sur la Fnac, etc. Il y a dedans tout ce dont vous avez besoin, c’est bien expliqué, ça couvre tous les sujets avec un langage clair, moderne et qui va beaucoup plus loin que tout ce que j’ai pu exprimer.
A très bientôt. Je vous remercie de votre écoute patiente.