Théophile le Jeune continue d’interroger Théophile l’Ancien sur le séminaire de Lyon :
– Parle-moi de la conférence sur le voyage intérieur que tu as faite ? Comment cela s’est il passé ?
– Spirituellement je suis très satisfait, pour le reste ce ne sont que des mots…
– Comment ça ? Que veux-tu dire ? Que les mots n’avaient pas d’importance ? s’étonne Théophile le Jeune.
Comment as tu fait passer ton message alors ? J’ai bien compris la communication de cœur à cœur avec une personne proche et unique, mais avec des centaines d’inconnus ce n’est pas la même chose quand même !
– C’est très simple, reprend l’Ancien, le sujet s’y prêtait totalement. J’ai donc axé mon intervention sur une expérience intérieure. J’ai commencé par détendre tout le monde avec la relaxation heartfulness que tu connais et j’ai utilisé l’énergie de la terre en la faisant monter des pieds vers toutes les parties du corps. Ainsi chacun se relaxait en tournant son attention vers l’intérieur accédant à l’observateur intérieur.
– Comment savoir que l’on est bien dans cet observateur intérieur ?
– Imagine que tu regardes le ciel avec une vision panoramique à 180°. Ferme les yeux et regarde devant toi. Ensuite observe avec cette même vision l’espace intérieur de ton cœur.
– Quelle est la différence avec la concentration ?
– Regarde à nouveau le ciel. Maintenant suis le vol d’un oiseau. Là, tu dois être concentré. C’est toute la différence.
La concentration amène à la révélation, alors que l’observateur reste neutre, détaché de ce qui se passe. Tu es dans un état particulier que je qualifierais d’oxymore car il s’agit d’être présent tout en étant absent, d’être « activement passif » en quelque sorte. C’est la meilleure condition pour entrer en méditation.
– Peux-tu préciser ? Ce n’est pas très clair et un peu contradictoire ! s’agace le jeune homme.
– Si tu préfères, une partie s’endort, disons la personnalité active, pour que le Soi ou l’âme se réveille.
– Mais comment as tu fais pour amener les gens à cet état ? demande Théophile le Jeune.
– Dans un premier temps j’ai proposé un rêve éveillé sur le thème d’une randonnée en montagne avec un lever de soleil puis j’ai conduit une méditation de dix minutes sur la source de lumière dans le cœur. C’est la partie non verbale dont je te parlais, pour moi la plus importante.
– Et que s’est-il passé ?
– Dans ce moment de silence total, de multiples faisceaux de lumière sont partis de mon cœur et sont entrés en contact avec tous les cœurs. C’était très beau.
La communication non verbale s’est établie d’elle même, tout naturellement. Un véritable dialogue silencieux s’est alors engagé.
– Un dialogue avec des centaines de personnes ? Comment cela est-il possible ? interrompt Théophile le Jeune.
– Tout est possible, continue l’Ancien, le nombre est une illusion quand tu es dans l’unité de l’être, dans le cœur du cœur. C’est à partir du mental supérieur que tout a procédé. Les mots sont vibration avant tout. Celle ci émane des plans supérieurs. Ainsi chacun a plongé dans son cœur et la transmission yogique a pu accomplir ses merveilles.
– Quelles sont ces merveilles ?
– Elles sont différentes pour chacun : la transmission est unique mais ses effets sont multiples et varient selon la personne et sa sensibilité. Si tu veux en savoir plus il te faudra interroger chaque participant suggère l’Ancien malicieusement.
D’accord, commençons par toi :
– Que ressentais-tu à ce moment là ?
Piégé, le vieil homme répond doucement :
– Quand je suis sorti de la méditation j’ai vu que chaque cœur présent était connecté à la Source Originelle. Pour moi la conférence était finie.
– Et c’est là que tu as commencé à parler ! conclut Théophile le Jeune dans un grand éclat de rire.
Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune