L’Ancien. – Aujourd’hui je te propose d’éclairer nos réactions émotionnelles par la compréhension de la nature d’un chakra. Le chakra est multi-niveaux.

Théo. – Tu veux dire que les chakras ont aussi un niveau physique ? Pourtant ils n’appartiennent pas au corps physique à proprement parler.

L’Ancien. – Ils ont une incidence sur les plexus nerveux quand il s’agit de ceux qui sont situés à l’arrière de la colonne vertébrale et ils sont en lien avec le cerveau. Ils ont aussi une incidence énergétique, et enfin émotionnelle.

Théo. – Comme les cinq enveloppes des trois corps.

L’Ancien. – Les trois corps sont indicatifs. Tu pourrais citer plus d’enveloppes en relation avec leur fonctionnalité. Les cinq enveloppes décrivent la constitution de l’être incarné et conditionnent le retour vers l’Ultime.

Théo. – Tu veux dire qu’à un moment donné, ces fameuses enveloppes peuvent se dissoudre, au moment de l’unité de l’âme avec Dieu par exemple ?

L’Ancien. – Elles sont nécessaires dans l’incarnation et pour notre évolution spirituelle, et après un bon usage, le maître peut les dissoudre une par une.

Théo. – Tout ce qu’a donné Dieu est nécessaire et a sa juste place, au moment opportun.

L’Ancien. – C’est pourquoi la science du Yoga nous explique le fonctionnement et la juste utilisation de ce dont Dieu nous a dotés.

Théo. – Et les maîtres maîtrisent l’ensemble. Comme tu me l’as expliqué, ils font deux fois le chemin spirituel (yatra) sous l’égide de leur maître : une fois comme disciples, plus ou moins consciemment, et une deuxième fois comme futurs maîtres, pleinement conscients car ils devront guider les autres sur le chemin de l’Ultime.

L’Ancien. – Ils sont parvenus au Brahma-vidya ou connaissance divine. Il y a différents niveaux de maîtres, d’instructeurs, mais … c’est une tout autre histoire.
Revenons aux chakras. Tu as compris qu’un événement, comme l’injustice dont nous avons parlé l’autre jour, peut déclencher une réaction mentale et émotionnelle. L’impact est également psychologique, de façon plus ou moins violente. La plupart des gens s’arrêtent souvent à ce niveau alors qu’il y a une autre façon de vivre ce même événement : la contrariété survient et nous touche, mais d’emblée nous l’acceptons et nous en remettant au Seigneur, nous nous abandonnons totalement à lui.

Théo. – Cela devient un cadeau divin et la possibilité de s’ajuster en résolvant la problématique. La résonance est alors libératoire, il n’y a plus d’impact dans le brahmanda-mandal, au point 8, et la soumission à Dieu devient encore plus grande.

L’Ancien. – Tout à fait, tu as bien retenu le processus. Dans ce cas il n’y a plus à nettoyer le point 3, lié à l’irritation causée par des torts réels ou perçus comme tels. Aucune frustration ! Au niveau suivant, l’intention négative est toujours perçue comme telle, mais elle passe au travers de nous sans laisser de trace. Mieux encore, quand on est complètement absorbé dans le Seigneur on ne se rend même plus compte de l’intention néfaste de l’autre envers nous. J’aimerais avoir cet état béni d’innocence en permanence… pourtant il m’arrive encore…

– Tu verras, cela viendra avec le temps ! l’interrompt Théo taquin

L’Ancien. – Je reste encore sensible à l’impact lorsqu’il il provient d’un être cher qui a un accès direct à mon cœur et mes émotions.

– Toi aussi tu peux être touché ou meurtri, constate Théo ému par la tristesse qu’il perçoit dans la confidence de l’Ancien.

L’Ancien. – Bien sûr.

Théo. – Comment réagis-tu dans ce cas ?

L’Ancien. – Eh bien ! voici ce que j’essaie d’avoir comme attitude : après avoir reconnu puis accepté la situation, je m’en remets immédiatement au Seigneur. Le point 8 s’illumine, frémit puis cela passe au point 9 qui permet un plus grand pas dans l’amour et si je suis absolument béni, je plonge en lui, oubliant tout le reste, moi compris.

Théo. – Quel est l’impact dans la région du cœur ?

L’Ancien. – A ce moment je suis au contact de la Réalité, l’illusion (maya) d’un tort éventuel s’est évaporée d’elle-même.

Théo. – Cela signifie que le point 5 est en harmonie, en équilibre.

L’Ancien. – C’est ça et cela a un effet immédiat sur les points de l’eau et du feu, qui s’harmonisent. L’irritation s’est envolée en fumée, sans laisser de trace. Le point de l’âme (point 2) est instantanément rétabli et nul désir (point 1) d’être aimé reconnu ou respecté ne subsiste.

Théo. – Seul l’amour prévaut. Il provient du cœur et inonde la personne qui, par ses paroles blessantes, t’a conduit à cet état béni. C’est un beau retournement de situation…

L’Ancien. – En réalité cette fameuse « méchanceté » n’est autre qu’une demande d’attention, un appel à l’amour.

Théo. – De ce point de vue, peuvent naître la compassion et la prière pour cette personne en souffrance.

L’Ancien. – Tu vois qu’une action remise au Seigneur (point 10) prend une tout autre tournure. Tout le monde en bénéficie et s’en trouve grandi.

Théo. – Je comprends mieux comment Babuji pouvait dire qu’il fallait prendre « les souffrances comme des bénédictions » (maxime 5). Au final, les aléas de la vie vécus de cette façon deviennent des accélérateurs d’évolution et des attracteurs d’Amour.

L’Ancien. – Lorsque tu tends vers cette attitude, la vie se transforme. Plus rien n’est négatif et tout semble avoir du sens.

Théo. – Même lorsque tu ne comprends pas ce qu’il t’arrive ?

L’Ancien. – Parfois, la compréhension vient plus tard, beaucoup plus tard, mais quand en retour, tu reçois une paix ineffable, tu ne te soucies pas de comprendre.

Théo. – J’imagine qu’à un certain stade, tu n’as même plus besoin d’accepter. Cela se fait automatiquement.

L’Ancien. – C’est ton maître intérieur, le Seigneur en toi, qui prend tout en charge : les aspects dits positifs ou négatifs de la vie. Tout semble vouloir concourir à ton bien.

Théo. – Vraiment ?

L’Ancien. – C’est une formule très enthousiaste, je le reconnais. Je dirais qu’au mieux il faut s’efforcer de prendre tout ce qui arrive avec une humeur égale, et lorsque c’est franchement difficile, comme venant du Seigneur.

Théo. – L’arme suprême !

L’Ancien. – Un refuge suprême, comme le dit Arjuna dans la Bhagavad Gita quand il est dans un état de grande confusion, il dit à son ami et maître, le Seigneur Krishna : « Seigneur, je prends refuge en toi, éclaire-moi, je t’en prie. »
Lorsque l’épreuve est vraiment trop dure, c’est l’ultime recours qui nous reste.

Théo. – Comme lorsque tu m’as appris à viser le cœur du Maître, puis à plonger en lui.

L’Ancien. – Même principe. C’est une opportunité exceptionnelle qui est offerte. Il ne nous reste qu’une issue, le Seigneur.

Théo. – Et si nous ne la saisissons pas ?

L’Ancien. – Il y en aura d’autres, beaucoup d’autres. Le Seigneur a une patience infinie avec nous.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune