Théo. – Aujourd’hui, j’ai un exemple très concret à te soumettre : j’aimerais beaucoup aider une amie en difficulté. Au sein de sa propre famille des injustices sont commises et pourraient entraîner de graves dissensions, voire des conflits entre parents, enfants et même petits-enfants. Chacun croit bien agir sans se rendre compte des conséquences néfastes que cela entraînera. La plupart du temps mon amie essaie d’ignorer et de traiter cette injustice qui n’est pas de son fait, comme une pensée indésirable. Cela lui permet de ne pas alimenter le conflit aussi bien en elle qu’avec ses proches. Elle évite d’en parler surtout avec ceux qui sont à l’origine des troubles et qu’elle aime tendrement par ailleurs. Mais par moment elle ne parvient plus à rester neutre et ressent de la colère, de l’irritation, elle se sent triste et malheureuse. Qu’en penses-tu ? Que puis-je faire pour l’aider ?

L’Ancien. – Celui qui croit subir une injustice est comme le petit enfant qui se sent rejeté par ses parents. C’est une illusion de l’ego.

Théo. – Une illusion peut-être, mais elle te touche et te fait mal ! Cela n’est-il pas une réalité ?

L’Ancien. – Les faits peuvent être réels, mais la souffrance qu’ils génèrent ne l’est pas. C’est là que réside l’illusion (point 5) : cela touche les désirs (point 1), crée du tourment (point 2), de la colère (point 3) et la peur de ne pas être aimé correctement par ses parents (point 4). Cela crée un mouvement de séparation en soi qui donne l’impression d’être coupé de l’Amour. Et nous savons tous les deux que cela ne peut être. C’est une illusion créée par l’ego qui n’est autre que le petit enfant en soi qui subit tout cela.

Théo. – Cela me rappelle Ho’oponopono. Mais que faire ?

L’Ancien. – Dans un premier temps, tu vas nettoyer les impressions et les complexités générales de cette situation vécue comme une injustice irritante. Cependant elle révèle une tendance de la personne et lui donne l’opportunité, en se libérant de cette illusion, de se rapprocher encore plus de Dieu. L’éloignement ressenti ne vient que de nous-même et de personne d’autre.

Théo. – Cela signifie que nos troubles et nos souffrances servent à révéler ce qu’il y a déjà en nous ? C’est pour cela que tu les remercies de mettre en évidence une demande ou une mémoire erronée ? Si je me souviens bien tu dis :
« désolé » pour le petit enfant
« pardon » pour ce qui lui arrive
« merci » pour cette opportunité d’effacer et de se libérer de cette mémoire erronée
et « je t’aime » car c’est l’amour qui résout tout.

L’Ancien. – Et c’est là que la conscience intervient. Une fois que le cœur et ses cinq points sont nettoyés ils donnent accès à la claire conscience : tu vois, tu sais.

Théo. – Il y a donc les samskaras, mais aussi les mémoires qui sont actifs en nous ?

L’Ancien. – D’où la double action : le nettoyage, qui aboutit à la purification et l’illumination du cœur, et le souvenir constant qui va nous aider à ignorer et traiter les mémoires qui viennent toutes du passé, du grand passé (vies antérieures et karma).

Théo. – Tu ajoutes donc un travail actif sur l’effacement des mémoires erronées.

– La pratique nous montre que lorsqu’elles s’effacent, les tendances ne sont plus alimentées, mais surtout, que cela crée un état de vide intérieur ou état de zéro infini, qui libère l’Amour sublime. Et… l’Amour résout tout ! répète avec enthousiasme le vieil homme souriant.

Théo. – Donc nos réactions égotiques démontrent une absence d’amour.

L’Ancien. – Ou expriment un appel pour libérer l’Amour de Dieu (du Seigneur) en nous. C’est donc une bénédiction… inconfortable, mais salutaire.

Théo. – Qui remercier, ceux qui nous blessent ou Dieu ?

– Les deux, conclut le sage, laissant Théo à sa réflexion.

A suivre…

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune