Théophile le jeune revient d’un week-end où il a pu écouter et rencontrer le guide spirituel Kamlesh Patel. C’est avec enthousiasme qu’il aborde son ami Théophile l’Ancien :
– Je viens de réécouter les conférences de Daaji et cela a décuplé mon envie d’être au plus près du Divin. C’est comme si mon âme aspirait à se fondre totalement dans cette vibration divine, à être absorbée en Dieu sans plus jamais en sortir. Quelle est cette sensation si forte ?

L’Ancien. – Cela arrive toujours lorsque l’on plonge dans la très grande profondeur de son être. Cette condition peut devenir un état permanent. Il suffit alors de l’évoquer, pour qu’elle soit là, présente, bien que la personne vive toujours dans sa condition d’être humain. C’est une grande bénédiction pour celui qui arrive à vivre ces deux états en permanence. En fait, il n’y a pas de contradiction entre ces deux conditions, ce sont simplement des plans différents qui ont chacun leurs lois de fonctionnement. Il s’agit de laisser se déployer en soi les dimensions les plus profondes.

Théo. – Lorsque je suis dans cette profondeur, mon ego n’interfère plus, j’ai la sensation d’une grande liberté.

L’Ancien. – L’ego est en lien avec la subtilité : quand l’être se densifie et s’organise, il acquiert son identité et forme l’ego qui affirme sa présence. C’est un phénomène naturel et nécessaire. A l’inverse lorsque l’être devient de plus en plus subtil et affiné, l’ego semble s’effacer et disparaître, alors qu’en fait il se fond dans la Volonté divine et se met totalement à son service, d’où cette sensation de liberté.

Théo. – Mais qu’en est-il de la Volonté divine ? N’est-elle pas un « super ego » servant de modèle à notre « petit ego » humain ?

L’Ancien. – C’est la raison de l’existence de l’ego. Dieu se déploie dans toutes les dimensions de l’être et du non-être. Nous sommes ses créatures et, en nous développant, nous contribuons à Sa création. C’est Son mouvement en nous qui est en action. En pratiquant, en laissant se déployer la dimension essentielle en nous, nous développons notre pouvoir créateur. C’est un peu comme les capacités du bébé qui se développent au fur et à mesure de sa croissance, physique, mentale, émotionnelle. A un moment il peut penser par lui-même, les connexions s’établissent. Il peut alors élaborer ses propres théories. C’est l’apparition de l’intellect. Puis survient le temps des dimensions spirituelles où l’être doit faire un effort pour que s’accomplissent les transformations nécessaires et le déploiement adéquat. Quand arrivent enfin les dimensions divines il n’y a plus rien à faire, c’est Lui qui opère directement. C’est la pleine maturité de l’Etre, son plein épanouissement : l’Etre devient identique à son Créateur.

Théo. – J’ai l’impression que ce que nous appelons Dieu dépasse non seulement mon entendement, mais aussi ma capacité structurelle, aussi subtile soit-elle. Comment une amibe, par exemple, peut-elle concevoir le monde de l’homme ? Sa structure ne le permet pas. J’ai la sensation que ma propre structure a des limites identiques.

L’Ancien. – Oui, c’est vrai. C’est pourquoi l’être humain évolue sans cesse et que ses limites reculent au fur et à mesure des générations et des époques. Il y a encore de nombreuses étapes avant d’arriver à un stade de compréhension correcte. L’évolution est permanente mais lente. Elle se fait dans diverses dimensions, différents secteurs de l’univers, tous sont interdépendants et agissent en interaction. C’est cela le développement de la Création. C’est ce que nous appelons Dieu : un mouvement perpétuel autour de l’immobilité.
Nous sommes faits de vide, d’énergie, de lumière et de matière. Ces éléments ont été offerts par les différents plans de l’Existence. Ensuite, tout est question de dosage, de répartition. La préséance est donnée à la présence vibratoire plus qu’à la matière. La lourdeur de celle-ci ralentit le processus, mais c’est elle aussi qui permet l’incarnation.

Théo. – Cela me fait penser à ces êtres de lumière qui ne sont plus assujettis aux aléas de l’incarnation. Ils sont là pour aider l’humanité et bénéficient de cette condition particulière afin d’accomplir leur mission. Ils sont sans doute très évolués et subtils.

L’Ancien. – Tout est mouvement, transformation permanente. Ce qui s’arrête d’évoluer s’apprête à disparaître.
Comme un morceau de terre glaise a servi à monter un pot sur le tour du potier pour être ensuite cuit et servir à un usage spécifique.

Théo. – Est-ce là l’idée du service ?

L’Ancien. – En quelque sorte. Une fois cuit, le pot est utilisé un certain temps pour contenir de l’eau, de la nourriture, des cendres. L’homme est fait d’argile qui se dissoudra à un moment donné quand elle aura fait son usage. C’est pour cela que nous nous efforçons de nous affiner, pour devenir une pure expression du Divin ici-bas.

Théo. – J’aimerais tellement devenir un être de lumière ! Ce doit être fantastique !

– Cela viendra en son temps, si c’est nécessaire et possible, dit l’Ancien en souriant.

Théo. – Je m’interroge quand même sur les affres que traversent les Maîtres. Est-ce un passage incontournable ?

L’Ancien. – Les Maîtres souffrent, mais ils ne sont pas affectés comme nous pourrions l’être, ils sont dissociés de leur propre structure. Cependant la souffrance fait partie du chemin. Elle permet de s’ouvrir à l’Amour et la Compassion. Tout a sa raison d’être, tu le sais bien.

Théophile le Jeune se sent complètement enveloppé dans un cet Amour infini qu’évoque l’Ancien, son cœur s’ouvre et s’illumine. Il s’immerge totalement dans cette sensation qu’aucun mot ne saurait décrire.

Théophile l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune